• GéGémag.Formula Onel'Univers de la Formule1  

    Les Grands Prix de Légende.

     

    Grands Prix de Légende : GP de Grande-Bretagne 1973

    Les paris précédant la course favorisaient Jackie Stewart - mais pas en ce qui concerne Peter Revson. L'Américain. avait misé une somme de 100 livres sterling sur sa victoire à lui.

    La course aurait pu être tragique, car à la fin du premier tour, le jeune cheval de bataille de McLaren, Jody Scheckter, déclencha un accident qui mit neuf voitures hors course et bloqua la piste.

     

    Un départ désastreux

    Le nouvel arrivant sud-africain s'était placé troisième, devant le leader de l'équipe, Denny Hulme, lorsque l'accident se produisit. Il s'était rapproché du Néo-Zélandais dans le virage ultra rapide de Woodcote mais était mal placé et s'écarta de la piste, faisant un tête-à-queue. Il revint sur la piste, et, en la traversant, évita de peu une collision avec le peloton de tête, dont faisait partie Revson, son autre coéquipier de McLaren, avant de percuter le mur des stands et d'entrer en collision avec les voitures du deuxième peloton.

    Bien que l'accident stoppât la course et fût à l'origine de la construction d'une chicane à Woodcote, il n'empêcha pas une magnifique course de Grand Prix.

    Au second départ, la Lotus de Ronnie Peterson était en tête devant la BRM de Niki Lauda, la Tyrrell de Jackie Stewart, la Lotus d'Emerson Fittipaldi et devant Hulme et Revson. Stewart abandonna après que des problèmes avec sa boîte de vitesses l'eurent fait déraper à Stowe, et Lauda commença à pressentir la victoire. Il était à l'aise, la voiture se comportait à la perfection et il avait choisi les bons pneus. Revson se rapprocha de Fittipaldi. Le champion du monde brésilien actuel se rendit compte qu'il ne pouvait l'empêcher de gagner du terrain sur Peterson, dont la conduite se détériorait. Revson et lui se rapprochèrent peu à peu de Ronnie, jusqu'au moment où, à 30 tours de l'arrivée, Fittipaldi abandonna à cause d'un problème avec sa boîte de vitesses.

    Puis une bruine commença à tomber, rendant impossible la tâche déjà difficile de Peterson. En deux tours, Revson l'avait doublé. Mais alors qu'on aurait pu s'attendre à ce qu'il abandonne, il continua, et, malgré son plein contrôle de la situation, il se trouvait seulement une ou deux secondes devant une bagarre monstrueuse entre Peterson, Hulme et James Hunt qui, pilotant une March privée de manière fantastique, se faisait pour la première fois remarquer par les fans.

     

    Revson sous pression

    Comme l'admet Hulme, Hunt, mieux connu par son surnom " Hunt the Shunt " que pour sa conduite, "conduisait bien, nous donnant du mal ".

    Hulme, gêné par un pneu avant trop souple, avait perdu sa place de troisième au profit de Hunt, mais durant les 12 derniers tours, il le rattrapa, et le poussa sur l'arrière de la voiture de Peterson. Ronnie, quant à lui, était à peine deux secondes derrière Revson qui menait. Hulme dépassa Hunt dix tours avant l'arrivée, mais une flaque d'huile l'empêcha de dépasser Peterson et de donner une double victoire à McLaren.

    Mais ce n'était pas peine d'essayer. Au dernier virage, le trio ressemblait presque à une voiture gigantesque. Peterson s'écarta de la piste et reproduisit presque l'accident de Scheckter. Hulme tentait de doubler sur l'intérieur du virage espérant ainsi prendre l'avantage, et Hunt tentait de doubler les deux. Mais sur la ligne d'arrivée leurs positions n'avaient pas changé, avec 0,4 sec entre Hunt et Hulme, et 0,2 sec le séparant de Peterson. Revson, en tête, n'avait que 0.3 sec d'avance.

    " C'était réellement une course extraordinaire, raconta Hunt par la suite. C'était le premier Grand Prix dans lequel j’étais vraiment en compétition. Je fus heureux d'arriver quatrième, mais je sais que j'aurais pu arriver second si ma roue avant gauche n'avait pas été cloquée vers la fin. Je suis resté près de Ronnie et Denny, espérant qu'ils se mettraient mutuellement hors course. Mais l'unique semblant d'erreur fut lorsque Ronnie dérapa sur l'herbe - après 1’arrivée! "

     

    Grands Prix de Légende : GP de France 1979

    Le Grand Prix de Suède ayant été annulé, un mois s'était écoulé entre le Grand Prix de Monaco et le Grand Prix de France, à Dijon. Un mois que les ingénieurs de Renault avaient mis à profit pour optimiser et fiabiliser leur motorisation novatrice, le V6 suralimenté par turbocompresseur.

    Et ainsi, à peine deux ans après ses débuts en Formule 1, Renault allait imposer sa technologie lors de ce Grand Prix historique. Pourtant, la victoire de Jean-Pierre Jabouille, quoique étincelante, ne laissa pas une empreinte aussi forte dans les mémoires que le duel de fin de course entre Villeneuve et Arnoux.

    Leader au début du Grand Prix, Gilles Villeneuve avait dû, petit à petit et bien malgré lui, baisser sa cadence effrénée. En proie à des problèmes d’usure de pneus, le Québécois n’avait pu contenir le retour de Jabouille et avait dû lui céder la première place. Alors que la Renault du Français quittait irrésistiblement son champ de vision, le pilote Ferrari voyait grossir dans ses rétros une autre voiture jaune et blanche, celle de René Arnoux. Auteur d’un très mauvais départ (il n’avait pointé qu’en 9e position au premier tour alors qu’il s’était élancé en première ligne), le Grenoblois avait réalisé une somptueuse remontée en revenant à la 3e place après avoir dépassé Jones, Laffite, Lauda, Jarier, Piquet et Scheckter en l’espace de quinze tours. Poursuivant son effort, Arnoux combla progressivement son retard sur Villeneuve pour finalement revenir dans son sillage à trois tours de l’arrivée…

     

    Problèmes mécaniques

    " Cette course restera à jamais gravée dans ma mémoire. Lorsque je me suis retrouvé derrière Gilles Villeneuve, nous étions dans une configuration de course où chacun de nous avait des problèmes. Gilles était quelqu’un de très dur avec sa mécanique et il avait détruit ses pneus en essayant de suivre le rythme de Jabouille. De mon côté, j’avais un gros soucis de déjaugeage. A l’époque, la Renault possédait plusieurs pompes dans les réservoirs et, à ce moment de la course, l’une des pompes était cassée si bien que je déjaugeais dans les virages à droite. C’était un sacré handicap lorsque l’on sait qu’à Dijon les trois quarts des virages sont à droite ! "

    " Avec nos problèmes, on tournait Gilles et moi dans le même dixième ! et on ne voulait laisser cette 2e place à personne ! Jabouille était loin devant. On a alors commencé ce fameux duel… Je profitais des problèmes de freins de Gilles pour le dépasser au bout de la ligne droite des stands, on faisait ensuite toute la partie de derrière côte à côte, roue contre roue, parfois même encastrées, et enfin, dans la montée de Pouas, il reprenait l’ascendant lorsque mon moteur déjaugeait ! Villeneuve creusait alors suffisamment d’écart pour que, avec mon turbo, je revienne sur lui dans la ligne droite et que je le dépasse de nouveau au freinage ! et on repartait pour un tour de folie ! on s’est tapé, retapé, on s’est encastré les roues, un coup à droite, un coup à gauche. A l’arrivée, sur mon ponton droit, on ne voyait même plus les inscriptions " Renault ELF " mais seulement les traces des pneus Michelin de sa Ferrari ! A un moment, il m’a tellement poussé que je suis passé de l’autre côté d’un vibreur. Ca nous a obligé à passer le châssis au marbre car à la suite de cet incident un point d’ancrage du moteur s’était cassé. On nous a traité de fous. "

     

    Les fous géniaux

    " Au Grand Prix suivant, à Silverstone, on est passé tous les deux en semi-conseil de discipline. Un comité d’anciens pilotes, confortablement assis sur leur chaise, nous demandant de nous justifier. J’ai trouvé cela déplacé. Quand on nous a convoqué, on était tous les deux interloqués mais sereins et tranquilles. Nous sommes d’ailleurs ressortis sereins et tranquilles ! Je me souviens que Gilles leur avait dit : " Si demain ça se reproduisait, je ferais la même chose ". On nous a traité d’inconscients, en nous reprochant que, si les roues s’étaient touchées dans le sens axial, l’un de nous se serait envolé dans le public et aurait fait des victimes ".

    " Quand ils m’ont donné la parole, je leur ai juste répondu que si ça avait été quelqu’un d’autre que Gilles, au lieu de finir troisième j’aurais terminé second. J’ai trouvé ces remontrances un peu ridicules. J’avais l’impression qu’on était deux enfants et qu’on allait mettre les doigts bien serrés pour prendre des coups de règle. Quand nous sommes sortis, on en a ri, bien sûr, mais on en a tiré des conclusions aussi. Ce duel, il ne s’est produit qu’une seule fois. Et sans aucune prétention, à l’époque, il n’aurait pu se dérouler qu’entre Gilles et moi. Parce qu’il y avait une complicité entre nous. On se respectait , on s’aimait énormément. Ce jour-là, avec notre duel, on a volé la vedette à Jabouille. Il avait pourtant remporté sa première victoire en Grand Prix et Renault venait de faire triompher le moteur turbo compressé ".

    " Après la course, on est allé revoir les images TV en salle de presse. La salle était noire de monde. J’ai été frappé par la vidéo. J’étais revenu très fort sur Gilles et, durant notre duel, il y a plein d’endroits où on était limite. Si à un moment l’un de nous deux avait levé le pied en se disant " j’arrête, ça devient trop dangereux ", là, oui, ça serait vraiment devenu dangereux. On s’était encastré plusieurs fois les pneus, mais on roulait côte à côte et avec une telle régularité… comme la Patrouille de France dans un meeting aérien ! Ce qui m’avait marqué aussi, c’était la réflexion de Forghieri. Après avoir revu la vidéo, il s’était tapé sur le front et s’était exclamé à voix haute : " Et quand tu penses que c’était pour la deuxième place ! . "

     

    Grands Prix de Légende : GP de Monaco 1984

    La naissance d'un mythe

    Nigel Mansell aurait pu la remporter, Ayrton Senna, qui n'en était qu'au septième de ses Grands Prix, l'aurait probablement remportée, mais lorsque la course fut interrompue après 31 tours, c'est Alain Prost, accroché à la victoire, qui remporta cette course sous une pluie incessante dans la principauté de Monaco.

    Bien que se déroulant dans des conditions pluvieuses, cette course n'en fut pas moins palpitante. Prost ne fit pas une seule erreur, continuant ainsi la quasi domination de la saison par les McLaren, mais si la course avait été interrompue un ou deux tours plus tard, elle aurait très bien pu être remportée par Senna, qui se fit remarquer par le public ce jour-là. Le pilote allemand Stefan Bellof, qui, les suivant de près, fit aussi l'une des plus belles courses de sa carrière malheureusement écourtée de manière tragique.

     

    Mansell gâche ses chances

    Prost avait commencé en pole position et resta en tête au premier tour, à la fin duquel Senna et Bellof étaient remontés des places de 13e et 20e aux places de 9e et 11e respectivement. Mansell, toujours excellent sur le parcours de Monaco, se retrouva brièvement aux côtés de Prost.

    Mais au 10e tour, la Lotus de l'Anglais se porta aux côtés de la McLaren ; la Lotus la dépassa, se retrouvant ainsi en tête. Mansell fonça jusqu'au 16e tour, lors duquel, alors qu'il remontait la côte débouchant sur la place du Casino, en vitesse maximum, il percuta la ligne blanche sur la route avec une de ses roues arrière.

    La voiture tangua à droite, puis à gauche avant de percuter la barrière des deux côtés de la piste. Son aileron arrière de travers et sa suspension endommagée, Mansell tenta de regagner les stands, mais dérapa à Mirabeau quelques virages plus loin et dut abandonner.

    " Le gagnant aujourd'hui, avait déclaré Prost avant la course, ne sera pas le pilote le plus rapide, mais celui qui commettra le moins d'erreurs. " On peut imaginer combien Mansell a dû ruminer ces paroles, alors qu'il assista à la fin de la course, assis sur la barrière, la tête dans les mains.

    Mais la course était loin d'être terminée. Deux tours après que Mansell ait abandonné, Senna dépassa le coéquipier de Prost, Niki Lauda, prenant ainsi la seconde place, et Bellof se plaça troisième peu après. Au 28e tour, soit dix tours après qu'il eut dépassé Lauda, Senna avait réduit de dix secondes la distance qui le séparait d'un Prost commençant à éprouver des difficulté avec ses freins. Au 3le tour, la distance n'était plus que de sept secondes, et la Tyrrell de Bellof se rapprochait toujours davantage de la Toleman du Brésilien. Mais l'on ne put assister à la victoire d'un de ces deux génies, dont ce n'était que le 6e Grand Prix, des drapeaux rouges mettant soudainement fin à la course.

     

    Une arrivée controversée

    Le directeur de la course, Jacky Ickx, un expert renommé dans les courses par mauvais temps lors de sa carrière en Formule 1, se retrouva au beau milieu d'une tempête politique, et fut accusé d'avoir mis fin à la course délibérément afin d'assurer la victoire de Prost. Ickx conduisait lui-même des Porsche dans des courses de voitures de sport, et selon les mauvaises langues, il désirait la victoire de la voiture de Prost, dont le moteur était construit par Porsche. Beaucoup firent remarquer qu'au moment où la course fut interrompue il ne pleuvait pas davantage que durant le reste de l'après-midi.

    Mais beaucoup plus tard, Senna, malgré son énorme déception juste après la course, se contenta de hausser les épaules. " J'aurais certainement dépassé Prost, déclara-t-il, mais personne ne peut savoir ce qui ce serait passé. J'aurais peut-être gagné, j'aurais peut-être abandonné. " Il ajouta: " J'étais moi aussi à bout de forces. Il y a eu des moments où c'était juste, où j'ai cru que j'allais m'écraser. "

    Prost et Senna dominèrent le monde de la Formule 1 au cours de la décennie suivante. Mais Bellof, qui avait le talent nécessaire pour être l'un des meilleurs, trouva la mort lors d'une course de voitures de sport à Spa, un peu plus d'un an après.

     

    Grands Prix de Légende : GP du Portugal 1985

    Ce fut la première fois que la Formule 1 vit un nouvel arrivant très prometteur s'épanouir avec tous les signes d'un pilote de qualité.

    Ayrton Senna remporta sa première victoire en Grand Prix dans un style agressif et dans des conditions atmosphériques si épouvantables qu'un pilote de haut niveau comme Prost percuta une barrière - mais un temps par lequel tout au long de sa carrière Senna confirma à chaque fois sa position de plus grand pilote de tous les temps.

     

    Première victoire de Senna

    Le Grand Prix du Portugal de 1985 lui donna le surnom de " Magic " pour son parcours apparemment aisé sous les pluies torrentielles qui affectèrent Estoril cet après-midi d'avril. Alors que les rivaux de Senna dérapaient et s'écrasaient derrière lui, sa Lotus noire - avec ce casque jaune et vert qui allait bientôt devenir célèbre, restant visible derrière le nuage de gouttelettes créé par ses pneus semblait être guidée par une main invisible le long de cette piste portugaise particulièrement difficile.

    Après l'émotion de sa première victoire, Senna fut félicité par toute la fraternité du Grand Prix, mais il garda les pieds sur terre. " Ils m'ont tous dit que je n'avais fait aucune erreur, mais ce n'est pas vrai. À un moment de la course les quatre roues de la voiture étaient sur l'herbe, j'avais complètement perdu la maîtrise de la voiture mais elle revint sur le circuit. "Un contrôle de la voiture absolument fantastique" ont-ils dit. Loin de là ! J'ai simplement eu beaucoup de chance de revenir sur la piste. "

    Mais Senna était trop modeste. Il était sur un plan complètement différent de celui des autres pilotes l'après-midi entière. Il était déjà en pole position après un exemple de ce qui allait devenir son style - un tour éblouissant lors des qualifications, théâtral et d'une beauté à couper le souffle. Et après avoir été placé en première place au départ, il commença à prendre une avance qui se révéla très vite impossible à rattraper.

     

    Apparente facilité

    Mais le plus étonnant n'était pas sa vitesse, mais surtout sa conduite qui semblait extrêmement aisée. Excepté l'instant qu'il souligna lui-même plus tard, Ayrton ne commit pas une seule erreur.

    Derrière lui, la course était serrée, avec le coéquipier Lotus de Senna, Elio de Angelis, tenant la McLaren de Michele Alboreto à distance. Et ce combat intense allait démontrer à quel point les conditions étaient dangereuses ainsi que la qualité de la conduite de Senna.

    À mi-parcours, Prost, de plus en plus frustré par de Angelis, passa sur une flaque sur la ligne des stands. La voiture partit immédiatement en aquaplaning , et le pilote français, malgré son expérience des mauvaises conditions atmosphériques, dérapa et percuta les barrières.

    " Le passé ne représente que des nombres pour moi, déclara Senna beaucoup plus tard. Je ne vois que le futur. " Et après la course, Senna donna le premier aperçu de son approche méthodique et disciplinée, par laquelle Prost et lui allaient changer le tempo de la Formule 1.

    " Les moments de bonheur dans sport sont très intenses, expliqua-t-il, mais de courte durée. Et ils doivent être suivis très vite par beaucoup de travail si l'on désire remporter d'autres victoires. "

    Cette saison fut une parfaite illustration de l'opinion de Senna. Il mena sur davantage de tours que n'importe quel autre pilote au cours de l'année 1985, mais il ne gagna qu'une seule autre course, la Lotus-Renault lui jouant des tours à chaque fois. Cela n'allait pas être sa saison, mais naturellement d'autres années furent entièrement différentes.

     

    Grands Prix de Légende : GP du Japon 1996

    Damon Hill avait poussé des milliers de fans britanniques à se lever avant l'aurore pour assister au Grand Prix du Japon 1996. C'était ce jour-là que leur compatriote Damon Hill allait peut-être se voir couronné champion du monde.

    Effectivement, les longues années de travail et de sueur de Damon Hill furent récompensées. Le Britannique fit ce qu'il avait à faire et devint ainsi le premier pilote de deuxième génération - après son père Graham en 1962 et 1968 - à décrocher le titre mondial.

    En arrivant à Suzuka, Hill comptait neuf points d'avance sur Jacques Villeneuve. Avec 10 points en jeu pour la victoire, le Québécois avait une chance théorique de prendre le meilleur s'il gagnait. Mais même si c'était le cas, tout ce que Hill avait à faire était de terminer dans les six premiers et marquer au moins un point.

    Ses adversaires jugeaient que n'importe qui était capable d'y arriver au volant d'une Williams, mais le sport automobile n'est pas une science exacte. La malchance peut frapper à tout instant, et la moindre défaillance technique peut conduire à l'abandon. De plus, au Japon, il subsiste toujours la menace de la pluie, comme Damon avait pu s'en rendre compte en 1994, alors qu'il disputait le titre à Michael Schumacher.

     

    Villeneuve perd tout

    Le jour fatidique arrivé, ce fut pourtant Jacques Villeneuve qui fut victime du sort.

    Qualifié en pole-position devant Hill, Villeneuve manqua son départ et se retrouva en sixième place au moment d'atteindre le premier virage. Hill, lui, était en tête, avec même une légère avance sur le reste du peloton. Il semblait tranquille.

    Les pilotes Benetton semblaient pourtant en mesure de rivaliser avec les Williams, une fois n'était pas coutume. Jean Alesi manqua de toucher Villeneuve dans une sérieuse sortie de route au premier virage. Gerhard Berger tenta alors une plongée à l'intérieur de Hill à la dernière chicane, une manœuvre plutôt optimiste qui faillit bien sortir le Britannique. Damon réussit à s'en tirer sans heurt et parvint dès lors à se creuser une avance suffisante pour ne plus être inquiété jusqu'au drapeau à damier. Il décrocha ce jour-là sa huitième victoire de la saison. Ce fut aussi sa dernière course sur une Williams, puisqu'il rallia l'année suivante l'écurie TWR Arrows.

     

    Hill le Champion

    C'est à quinze tours de l'arrivée que Hill devint officiellement champion du monde, au moment où Jacques Villeneuve perdit sa roue arrière droite peu de temps après son second ravitaillement. Hill essaya de ne pas voir sa concentration affectée par le fait qu'il réalisait enfin son rêve. Il parvint à se contenir jusqu'au bout pour remporter ce qui était la 2le victoire de sa carrière - et la dernière pour quelques temps !

    Michael Schumacher et Mika Hakkinen ne terminèrent pas très loin derrière lui au moment où le Britannique franchit la ligne d'arrivée et salua ses mécaniciens perchés sur le mur des stands. Berger, lui, avait dû s'arrêter à son stand prématurément pour faire remplacer son aileron avant après son contact avec Hill. Il parvint toutefois à remonter jusqu'à la quatrième place après un duel un peu chaud avec Eddie Irvine -c'était le deuxième Grand Prix d'affilée où les deux pilotes se battaient sur la piste.

    Martin Brundle termina cinquième sur Jordan, tandis que Heinz-Harald Frentzen arrachait le point de la sixième place.

    Lorsque les cérémonies officielles furent terminées, les pilotes et leurs écuries se dirigèrent vers le fameux bar Log Cabin situé près de l'hôtel du circuit et réputé pour le tarif astronomique de ses consommations. Et réputé, dans le cas de cette année 1996 pour ses rasages de têtes. Car au moment où Damon donna un concert de karaoké, trois pilotes derrière lui affichaient un drôle de portrait : Villeneuve, Coulthard et Salo s'étaient rasés entièrement. Vive la fête…

     

    Logo Blogtrafic


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique