• GéGémag.Formula Onel'Univers de la Formule1 

     

    Il était une fois...
    ... les saisons 1990 à 1999

    Championnats : 1990

    Pour la troisième saison consécutive, ce fut Ayrton Senna contre Alain Prost. Comme en 1988, le brésilien décrocha le titre mondial après son duel avec le Français. Au début de la saison, pourtant, il semblait qu'il n'allait pas être autorisé à disputer le championnat.

    La cause des tensions entre Senna et les autorités provenait de son affrontement avec Prost au Japon en 1989 et du fait que le Brésilien avait été disqualifié après avoir franchi la ligne en première position. Il accusa ensuite Jean-Marie Balestre, le président de la FISA, de manipuler le championnat en faveur de Prost : on lui refusa par conséquent l'entrée pour le championnat de 1990. C'était donc une impasse cet hiver-là et ce ne fut qu'à l'approche de la première course que Senna fut finalement réadmis.

     

    Senna se met en route

    Mais de quelle façon Senna commença-t-il sa campagne ! Il débuta par le grand prix des États-Unis dans les rues de Phœnix : il suivit le leader impromptu Jean Alesi de Tyrrell, prit la tête, fut malicieusement re-dépassé par le Français, puis arriva en tête une fois pour toutes. Thierry Boutsen fut un lointain troisième sur sa Williams. Et qu'en était-il de la Ferrari de Prost ? Et bien elle commença septième, arriva jusqu'à la quatrième position et abandonna.

    La victoire obtenue à Phœnix renforça l'attitude de Senna, mais, ne pas pouvoir gagner pour la première fois sur son terrain au Brésil le refroidit. En fait, il avait frôlé la victoire, lorsque soudain le pilote japonais Satoru Nakajima entra en collision avec lui, l'obligeant à rentrer aux stands pour changer le museau de sa voiture. Le retard lui coûta la course, le contraignant à rester troisième derrière Berger, pire même : derrière Prost, le gagnant de la course.

    Au troisième round, le Grand Prix de San Marino à Imola, ni Senna, ni Prost n'eurent les lauriers car ceux-ci allèrent à Ricardo Patrese, le pilote italien de Williams, comblant ainsi un fossé de sept ans. Senna menait depuis la pôle position mais une pierre se cala dans ses freins et il dérapa, tandis que Prost termina sept secondes derrière Patrese, mais fut classé quatrième derrière Berger et Alessandro Nannini de Benetton.

    La course suivante étant celle de Monaco, il ne devait y avoir qu'un seul gagnant : Senna. Et c'est là qu'il montra toute sa force, poursuivi par un Alesi qui, dans sa Tyrrell très maniable mais quelque peu sous-puissante, était un expert des circuits en ville. La troisième place pour Berger maintenait celui-ci dans le combat pour le titre. Prost était en seconde position quand il fut obligé d'abandonner.

    Au Canada, nouveau schéma mais même vainqueur : Senna. Berger partit trop tôt à Montréal et eut une pénalité d'une minute. Avec la pluie tombant à verse, il devenait évident qu'il fallait des pneus sculptés et donc McLaren demanda à Berger, puis à Senna de rentrer. Ayant du temps à rattraper, Berger conduisit plus rapidement que n'importe qui et Senna le laissa passer. Mais en traversant la ligne 45 secondes devant Senna, l'Autrichien ne pouvait que rattraper suffisamment de temps pour être quatrième, derrière la Benetton de Nelson Piquet et la Ferrari de Nigel Mansell, mais devant Prost.

     

    La lutte de Prost

    Le Grand Prix du Mexique allait donner à Prost une opportunité pour saisir la gloire. Mais après les qualifications, cela ne semblait plus un résultat aussi sûr, car Prost était en treizième position. Cependant, il pilota avec science et patience sur une piste qui mangeait littéralement les pneus. Berger dut se ranger au stand dès le douzième tour pour en changer. Senna fut un peu plus précautionneux et mena pendant les 60 premiers tours, mais il eut une crevaison et abandonna en remettant la tête de course à Prost. Mansell et Berger se heurtèrent les roues au coin de Peralta, Nigel était à l'extérieur mais l'Anglais tint bon et termina en réalisant un doublé pour Ferrari.

    De retour en Europe pour le Grand Prix de France, ce fut Prost qui obtint les lauriers, mais il faillit y avoir un accroc : Ivan Capelli avait mené pendant 45 tours pour Leyton House, une équipe qui n'avait jusqu'à présent marqué aucun point. Il semblait que la piste lisse de Paul Ricard convenait aux voitures Leyton House. Mauricio Gugelmin courut derrière son coéquipier Capelli jusqu'à ce que son moteur casse. Prost en profita pour arriver en première position à trois tours de l'arrivée. Cependant, Capelli était, malgré tout heureux d'avoir obtenu la seconde place.

    Mansell ne gagna pas la course suivante, le Grand Prix de Grande-Bretagne, mais il fit la une des journaux en annonçant qu'il abandonnait la Formule 1 à la fin de la saison. Ce jour là, la victoire revint à Prost, après l'abandon de Mansell à cause de problèmes de boîte de vitesse ; Boutsen rattrapa la seconde position avec Senna arrivant en troisième place suite à un dérapage.

    Ensuite c'était l'Allemagne et ce fut au tour de Senna de gagner sur Nannini, après s'être débattu pour redoubler la Benetton de l'Italien qui avait pour stratégie de ne pas s'arrêter alors que Senna avait un arrêt planifié. Berger fut troisième et Prost quatrième loin derrière. A la course suivante, Au Grand Prix de Hongrie, Thierry Boutsen remporta la victoire suivit de quelques mètres de Senna qui profita du Grand Prix de Belgique pour gagner de nouveau avec Prost en seconde position.

    Quant au Grand Prix d'Italie, on s'en rappellera plus pour un incident que pour le résultat de la course. Cette fois-ci, ce fut la Lotus de Derek Warwick qui attira l'attention en tapant violemment contre les barrières des stands. Incroyable mais vrai, il revint aux stands pour monter dans son mulet et prendre part au second départ. Cette fois-ci, Senna l'emporta devant Prost.

    Mansell se fit remarquer au Portugal en n'aidant pas Prost pour réduire les points que Senna avait en menant. Mansell fit une queue de poisson à Prost au départ, ce qui l'obligea à lever le pied de l'accélérateur. Mais en un instant, Prost était de nouveau en cinquième position. La voie était cependant ouverte pour que Mansell aille tout droit vers la victoire devant Senna et Prost.

    Lotus eu de nouveau des problèmes au Grand Prix d'Espagne de Jerez. Cette fois-ci, ce n'était pas Warwick mais Martin Donnelly, et celui-ci fut extrêmement chanceux de survivre à un accident qui le laissa sur la piste, car sa voiture s'était désintégrée lors de l'impact contre les barrières. Cette fois-là, Prost gagna, comptabilisant des points doublement précieux puisque Senna abandonna.

     

    Prost et Senna en conflit

    Une année après leur dispute au Japon, Senna et Prost s'accrochèrent à nouveau à Suzuka, cette fois-ci dans le premier virage, ce qui donna à Senna le titre mondial. Ensuite, les querelles commencèrent. Passant presque inaperçu derrière cette dispute. Piquet et Moreno firent un doublé, Nannini s'étant gravement blessé à une main dans un accident d'hélicoptère.

    Benetton gagna de nouveau en Australie par l'intermédiaire de Piquet. Mansell et Prost furent respectivement second et troisième, Senna ayant eu un accident qui l'élimina de la tête aux trois quarts de la distance après une bonne échauffourée avec Mansell. Et par conséquent, Senna fut champion devant Prost. Ayant marqué deux victoires alors que Berger n'en avait marqué aucune, Piquet eut la troisième place dans le classement final.

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES PILOTES

    Pos.

    Pilote

    Nat.

    Marque

    Pts

    1

    Ayrton Senna

    Bré

    McLaren-Honda

    78

    2

    Alain Prost

    Fr

    Ferrari

    71

    3

    Nelson Piquet

    Bré

    Benetton-Ford

    43

    4

    Gerhard Berger

    Aut

    McLaren-Honda

    43

    5

    Nigel Mansell

    GB

    Ferrari

    37

    6

    Thierry Boutsen

    Bel

    Williams-Renault

    34

    7

    Riccardo Patrese

    It

    Williams-Renault

    23

    8

    Alessandro Nannini

    It

    Benetton-Ford

    21

    9

    Jean Alesi

    Fr

    Tyrrell-Ford

    13

    10 

    Ivan Capelli

    It

    Leyton House-Judd

    6

     

    Roberto Moreno

    Bré

    Benetton-Ford

    6

     

    Aguri Suzuki

    Jap

    Lola-Lamborghini

    6

    Les onze meilleurs scores comptent

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES

    CONSTRUCTEURS

    Pos.

    Marque

    Pts.

    1

    McLaren

    121

    2

    Ferrari

    110

    3

    Benetton

    71

    4

    Williams

    57

    5

    Tyrrell

    16

    6

    Lola

    11

     

    Leyton House

    11

    8

    Lotus

    3

    9

    Arrows

    2

     

    Brabham

    2

    Championnats : 1991

    Ayrton Senna et McLaren signèrent deux titres mondiaux d'affilée, tandis que Nigel Mansell choisit, non pas de prendre sa retraite, mais de courir avec une écurie Williams retrouvée, il allait relever le challenge de Senna, mais sans parvenir à gagner. 

    Senna ne pouvait pas mieux commencer : il gagna les quatre premières courses. La première fut le Grand Prix américain à Phœnix, quand il passa sans concurrent au premier tour, et même après un certain retard, il gagna de seize secondes par rapport à la Ferrari d'Alain Prost et à la Benetton de Nelson Piquet. Le Finlandais débutant dans la Formule 1, Mika Hakkinen fit une course remarquée, car il obtint un excellent résultat bien que le volant lui restât dans les mains. 

    Senna gagne à domicile 

    Au Grand Prix du Brésil, la victoire était plus étroite, car Senna ne gagna que par trois secondes par rapport à la Williams de Ricardo Patrese et le coéquipier Gerhard Berger de McLaren à deux secondes derrière le deuxième. Mais pour Senna, une seule chose comptait : il avait gagné la course sur son propre terrain à son huitième essai, à un moment où l'on commençait à croire que cela lui échapperait. En fait, cette fois-ci, c'était tout juste. Talonné par Mansell au début, il fut libre quand la boîte de vitesse de l'Anglais se coinça. Mais la voiture de Senna commença elle aussi à lui créer des difficultés car il fit le dernier tour avec la boîte de vitesse coincée en sixième. 

    Le Grand Prix de San Marino était plus facile pour Senna, car seul Berger termina dans le même tour, la McLaren ayant écrasé l'opposition. Patrese devint le premier pilote à devancer Senna, mais sa Williams ralentit après dix tours à cause de problèmes de moteur. Mansell abandonna au premier tour après s'être accroché avec la Brabham de Martin Brundle. Mais Prost n'alla même pas aussi loin car il dérapa sur la piste mouillée sur le tour de chauffe. 

    Ensuite Senna gagna à Monaco comme il se devait. Le pilote qui se rapprocha le plus de lui fut Stefano Modena qui fit sa meilleure course dans une Tyrrell. Mais son moteur explosa, ce qui eut pour conséquence de faire déraper Patrese sur la flaque d'huile résultante. Mansell eut la seconde place. Le

    Grand Prix du Canada sera retenu comme celui dans lequel Mansell manqua d'arriver alors qu'il était en vue de la ligne. Il était très loin devant, et faisait des gestes à la foule, car il était heureux d'avoir brisé l'étreinte des McLaren, mais, tout à coup, son moteur défaillit et c'est Piquet qui remporta la victoire. Modena termina second pour compenser sa déception à Monaco. Senna s'était qualifié troisième derrière les Williams mais était contraint à l'abandon au 44e tour. 

    A Mexico, Patrese eut la première place après un duel avec son coéquipier Mansell. Senna les suivit jusqu'au bout, mais il avait déjà eu un week-end tourmenté car il avait accidenté sa McLaren aux qualifications. Il en sortit indemne puis il s'attaqua à Honda pour ne pas avoir été capable de mettre au point un moteur pouvant rivaliser avec le Renault de Williams. 

    Un encouragement pour Mansell 

    Mansell eut sa première victoire de l'année dans le Grand Prix de France qui eut lieu pour la première fois à Magny-Cours. Il échangea la position de tête avec Prost mais il fut devant au bon moment. Senna résista à une attaque de dernière minute de la part d'Alesi pour la troisième position. Une semaine plus tard, Mansell répéta son succès au Grand Prix de Grande-Bretagne à Silverstone devant une foule acquise à sa cause. Démarrant en pole position, menant à chaque tour, et obtenant le record du tour le plus rapide, il donna une idée de sa classe, laissant seulement Berger et Prost dans le même tour. 

    L'énorme différence de points que Senna avait auparavant fut encore réduite dans le Grand Prix d'Allemagne, car Mansell gagna trois points d'un seul coup. De nouveau Senna tomba en panne d'essence au dernier tour, perdit la quatrième place et encore plus de points précieux. Patrese complétait le doublé de Williams devant le fantastique Alesi. 

    Avec un avantage de point par rapport à Mansell descendu à huit, Senna fut très heureux de gagner le Grand Prix de Hongrie, car avec les circuits qu'il avait devant lui, ce devait être sa dernière chance de victoire avant un retour aux pistes tortueuses qui l'attendaient à la fin de l'année. Mansell talonna Senna de près mais le Brésilien se qualifia devant lui sur cette piste étroite qui ne permet pratiquement pas de doubler. 

    Spa est un circuit qui favorise ceux qui ont de la puissance, par exemple le moteur Renault dans la Williams de Mansell. Ce fut donc une surprise de voir gagner Senna. Lui-même semblait étonné car sa boîte de vitesses lui donnait encore du fil à retordre. En outre, il fut dépassé par Mansell puis par Alesi, mais tous deux abandonnèrent. Andrea de Cesaris allait être second pour Jordan, mais son moteur l'abandonna à trois tours de la fin. Ce qui le priva du meilleur résultat qu'il eût jamais obtenu. 

     

    Schumacher fait ses débuts 

    Ce jour-là, son coéquipier était un dénommé Michael Schumacher qui faisait sa

    première apparition dans la Formule 1. Il se qualifia devant Cesaris mais fut éliminé au premier tour. Cependant on entendait beaucoup parler de lui. En fait, lors de la course suivante, il ne pilotait déjà plus pour Jordan mais pour Benetton prenant la place de Roberto Moreno. 

    Mansell gagna le Grand Prix d'Italie pour rester dans la course pour le titre. Senna mena pendant de nombreux tours, mais il était en train d'user ses pneus en essayant de rester devant Patrese, puis devant Mansell, et il dut se contenter d'une seconde place. Schumacher marqua ses premiers points en venant en cinquième place. Il était évident que l'Allemand de 22 ans n'allait pas attendre très longtemps avant d'obtenir une bonne position parmi les très grands. 

    Après une saison qui avait été pleine de promesses mais aussi de résultats irréguliers, Patrese gagna de nouveau au Portugal mais cette victoire lui fut amenée sur un plateau car Mansell perdit une roue en quittant son stand. La roue fut remise, mais dans un endroit illégal, donc Mansell fut disqualifié. La seconde place pour Senna le mit à 24 points d'avance avec trois courses encore à faire. Mansell fit de son mieux, comme toujours, et gagna le Grand Prix d'Espagne devant Prost et Patrese avec Senna quelque peu nerveux, en cinquième position. Au Japon, ce fut au tour de Berger de gagner, mais seulement après le ralentissement de Senna au dernier tour pour le laisser passer. Car, à ce moment-là, il n'avait plus besoin des quatre points supplémentaires car le titre était déjà à lui. En fait, il avait vu Mansell sortir de la piste au dixième tour. Malheureusement, Senna ne parvenait pas à éviter les controverses : il saisit l'occasion de son troisième titre de Formule 1 pour attaquer le président sortant Jean-Marie Balestre en remuant de vieilles querelles et en accusant le Français de l'avoir empêché de gagner le titre de 1989. 

    Heureusement, la saison se termina de façon plus heureuse au Grand Prix d'Australie, car Senna fut le meilleur sur le terrain dans des conditions torrentielles, dans une course qui fut arrêtée après 14 tours sur les 81 prévus. Seuls des demi points furent accordés. Il y eut cependant un goût d'amertume, car Prost avait été renvoyé de chez Ferrari. Mais il s'en allait de toute façon car il était fatigué de la politique et il ne s'attendait pas à piloter à Adélaïde. Quand on considère les conditions, il ne fut en fait probablement pas très déçu.

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES PILOTES

    Pos.

    Pilote

    Nat.

    Marque

    Pts

    1

    Ayrton Senna

    Bré

    McLaren-Honda

    96

    2

    Nigel Mansell

    GB

    Williams-Renault

    72

    3

    Riccardo Patrese

    It

    Williams-Renault

    53

    4

    Gerhard Berger

    Aut

    McLaren-Honda

    43

    5

    Alain Prost

    Fr

    Ferrari

    34

    6

    Nelson Piquet

    Bré

    Benetton-Ford

    26,5

    7

    Jean Alesi

    Fr

    Ferrari

    21

    8

    Stefano Modena

    It

    Tyrrell-Honda

    10

    9

    Andrea de Cesaris

    It

    Jordan-Ford

    9

    10 

    Roberto Moreno

    Bré

    Benetton-Ford

    8

    Tous les résultats comptent

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES

    CONSTRUCTEURS

    Pos.

    Marque

    Pts.

    1

    McLaren

    139

    2

    Williams

    125

    3

    Ferrari

    55,5

    Benetton

    38,5

    Jordan

    13

    Tyrrell

    12

    Minardi

    6

    Dallara

    5

    Brabham

    3

    Lotus

    3

    Championnats : 1992

    Ce fut l'année où Nigel Mansell montra finalement au monde de la course qu'il pouvait être un champion, et non un simple acteur quelque peu mélodramatique. Un pilote avait rarement dominé le championnat de Formule 1 comme il le fit.

    Après dix Grands Prix, Mansell avait déjà remporté huit victoires. Le onzième Grand Prix lui assura le titre de Champion du monde qu'il avait brigué depuis si longtemps, il restait encore cinq Grand Prix à courir. A la fin de la saison, Nigel avait presque le double du score du deuxième homme sur les rangs, le coéquipier de Williams, Ricardo Patrese. Bien que la conduite de Williams fût déjà nettement supérieure pendant toute l'année 1992, il reçut un grand encouragement grâce à l'équipe Williams, avec ce formidable châssis et ce moteur Renault de renommée mondiale. Malheureusement, Mansell n'eut pas la bonne grâce de reconnaître qu'il jouait avec tous les as dans la main.

     

    La série de victoires de Mansell

    La carrière de Mansell commença en Afrique du Sud, quand, pour la première fois depuis 1985, la victoire avait été remportée par un pilote Williams du nom de N. Mansell. Les retrouvailles de ce dernier avec Kyalami durent lui plaire car il propulsa sa Williams immédiatement en pole position. Et mena à chaque tour de la course devant Patrese avec 24 secondes d'avance. Mexico fut l'étape suivante et ce fut la même histoire, Mansell en tête avec un doublé Williams. De nouveau, le pilote en troisième place était à 10 secondes derrière Patrese, mais, cette fois-ci, ce fut Schumacher qui fit sa première apparition sur le podium. Senna avait couru troisième, mais abandonna dès le début. Le fait que Williams terminât premier et second faisait clairement partie du plan pour cette année-là, car ce fut répété de nouveau au Grand Prix du Brésil à Interlagos avec Mansell qui battit Patrese cette fois-ci d'une bonne demi minute. De nouveau, Schumacher était troisième avec un tour de retard.

    Avec Mansell dominant le Grand Prix d'Espagne à Barcelone, la grande surprise vint de Schumacher qui termina second devant Patrese, du fait que ce dernier dérapa à cause de la piste humide. Jean Alesi, très à l'aise dans des conditions pluvieuses amena sa Ferrari en troisième position.

    A Imola, patrie du Grand Prix de San Marino, ce fut la cinquième des victoires de Mansell, avec Patrese obtenant la seconde place pour la quatrième fois. Senna réussit à obtenir la troisième place, mais son épuisement physique avait été si grand qu'il lui fallut vingt minutes avant de pouvoir sortir de sa McLaren.

     

    Victoire de justesse pour Senna à Monaco

    Le record de Mansell devait quand même se terminer, ce qui fut fait à Monaco. Mais seulement de justesse. En fait, Mansell n'était qu'à 0,2 seconde de la victoire quand il franchi la ligne d'arrivée. Ce fut au terme d'une bataille titanesque pour re-dépasser Senna, alors que le Brésilien arrivait en tête, et que Mansell sentait l'un de ses pneus se dégonfler. Il rentra au stand et se remit derrière Senna quand il le rejoignit. Mais à Monaco, il était presque impossible de doubler, et Senna garda sa position jusqu'à la victoire.

    Le Grand Prix du Canada apporta une véritable surprise : La victoire n'alla ni à Mansell, ni à Patrese, ni à Senna. Elle revint à Gerhard Berger, sa McLaren franchissant la ligne avec douze secondes d'avance sur Schumacher. Senna avait mené pendant la moitié de la distance, mais son système électrique avait défailli, et Mansell était descendu de la seconde place. Cela éleva Patrese à cette seconde place derrière Berger mais sa boîte de vitesses se brisa. Le Grand Prix de France annonça la première victoire de Patrese pour la saison. Mais la course fut arrêtée par la pluie, et il perdit au redémarrage car les ordres de l'équipe l'obligèrent à laisser passer Mansell. Patrese n'était pas très satisfait de la situation. C'était l'inverse pour Mansell, car cela l'aidait à égaliser le record de victoires de Jackie Stewart avec 27 courses remportées. Brundle arriva sur le Podium en troisième position.

    Il ne devait y avoir qu'un seul gagnant pour le Grand Prix de Grande-Bretagne : Nigel Mansell. Non seulement il avait battu le camps adverse à Silverstone mais il le démoralisa. Départ en tête, tour le plus rapide et victoire avec 40 secondes d'avance en étaient la preuve. Patrese fut deuxième de nouveau et Brundle troisième après avoir dépassé Senna près de la fin au moment où le Brésilien abandonnait. Deux semaines plus tard, Mansell gagna de nouveau, cette fois-ci en Allemagne devant Senna, avec Schumacher troisième à une certaine distance mais juste devant Brundle.

    Finalement ce fut le Grand Prix de Hongrie qui décida que Mansell allait être Champion du monde. Celui-ci espérait terminer son périple avec une autre victoire, mais il s'inclina devant la victoire de Senna. Cependant, c'était suffisant pour recevoir la couronne de lauriers tant désirée. Il y eut malgré tout le coup de théâtre habituel : Mansell creva aux trois quarts de la distance et dut se battre pour dépasser Berger.

    Ensuite, Schumacher marqua la première d'un très grand nombre de victoires en gagnant en Belgique avec beaucoup de chance. Chacun démarra sur des pneus lisses malgré la pluie fine qui avait précédé la course. Mais la plus tomba de plus belle, et seul Senna continua à se battre avec des pneus lisses, ce qui le retarda au fur et à mesure que les autres rentraient aux stands pour mettre des pneus sculptés. Si la pluie s'était arrêtée, cela aurait été parfait pour Senna, mais elle continua et il termina cinquième. Schumacher fut troisième pendant la plus grande partie de la course mais retomba derrière Brundle. Tout à coup, il remarqua que les pneus de son coéquipier étaient en train de se cloquer. Il pensa que les siens feraient de même et rentra au stand. Ce fut le moment optimal car cela lui permit de se placer devant Mansell et Patrese au moment où eux-mêmes étaient rentrés aux stands.

     

    Mansell fait sa sortie

    Le Grand Prix d'Italie fut sous un nuage à cause de deux événements importants. Tout d'abord, Mansell annonça à nouveau qu'il se retirait de la Formule 1. Deuxièmement, Honda décidait de mettre fin à son aventure également, donc McLaren aurait à chercher ailleurs pour ses moteurs. Concernant la course, Mansell mena puis laissa passer Patrese pour que celui-ci puisse gagner sur son terrain, mais les deux voitures eurent des problèmes de boîte de vitesses. Mansell abandonna, tandis que Patrese rentra cinquième, et Senna les dépassa tous pour gagner devant Brundle et Schumacher.

    L'étape suivante était Estoril, et Mansell était de nouveau en pleine forme, battant le record pour le nombre de victoires acquises dans une seule saison. Il gagnait pour la neuvième fois en 1992. Alors qu'il allait tranquillement vers la victoire, il fut presque éliminé par les débris de la voiture de Patrese qui étaient en train de s'éparpiller sur la piste en ligne droite après le terrible accident de l'Italien qui heurta la McLaren de Berger aux stands. Berger put continuer et terminer second, tandis que Senna dépassa Brundle pour arriver en troisième position sur le podium.

    Ensuite, on se transporta au Japon et, pour une fois, il n'y eut aucune querelle à Suzuka. Mansell joua les héros magnanimes et laissa Patrese prendre la première place ; mais son moteur explosa et Berger et Brundle complétèrent donc le podium.

    La saison se termina dans les rues d'Adélaïde ; l'on vit Berger arracher sa seconde victoire de l'année devant Schumacher et Brundle, dans une course qui perdit Mansell et Senna dans un accident alors que le Brésilien, en essayant de prendre la tête, heurta la Williams à l'arrière. Ce ne fut donc pas pour ces deux hommes un épisode heureux, et Senna passa de la troisième à la quatrième place dans la classification finale.

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES PILOTES

    Pos.

    Pilote

    Nat.

    Marque

    Pts

    1

    Nigel Mansell

    GB

    Williams-Renault

    108

    2

    Riccardo Patrese

    It

    Williams-Renault

    56

    3

    Michael Schumacher

    All

    Benetton-Ford

    53

    4

    Ayrton Senna

    Bré

    McLaren-Honda

    50

    5

    Gerhard Berger

    Aut

    McLaren-Honda

    49

    6

    Martin Brundle

    GB

    Benetton-Ford

    38

    7

    Jean Alesi

    Fr

    Ferrari

    18

    8

    Mika Hakkinen

    Fin

    Lotus-Ford

    11

    9

    Andrea de Cesaris

    It

    Tyrrell-Ilmor

    8

    10 

    Michele Alboreto

    It

    Footwork-Honda

    6

    Tous les résultats comptent

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES

    CONSTRUCTEURS

    Pos.

    Marque

    Pts.

    1

    Williams

    164

    2

    McLaren

    99

    3

    Benetton

    91

    4

    Ferrari

    21

    5

    Lotus

    13

    6

    Tyrrell

    8

    7

    Footwork

    6

    Ligier

    6

    9

    March

    3

    10

    Dallara

    2

    Championnats : 1993

    Le jeu se résume à la domination d'un seul pilote. Cette année-là encore, ce pilote était au commandes d'une Williams, mais, cette fois-ci, c'était Alain Prost qui avait profité d'une année d'absence de la course pour retrouver son flegme et sa passion.

    Prost n'avait pas perdu contact avec ce sport, car, en 1992, il avait travaillé comme commentateur à la télévision française. Et, en fait, on savait déjà pendant l'année du championnat de Mansell que le patron d'équipe Franck Williams était désireux de revoir Prost en 1993. Il voulait le français ainsi qu'Ayrton Senna au lieu de Mansell, ce qui précipita le départ de ce dernier vers l'Indycar.

     

    Un bon départ pour Prost.

    Ainsi Williams commença avec Prost dans la voiture de tête, et Damon Hill avait été sorti de l'équipe d'essai pour piloter à ses côtés. Prost se refit immédiatement la main, en gagnant le premier round, le Grand Prix d'Afrique du Sud à Kyalami. Senna avait couru tout d'abord en tête pour McLaren, mais Prost se retrouva rapidement devant, à un tiers de la distance, et y resta pour battre Senna de vingt secondes, avec Martin Brundle, surprenant troisième.

    Ayant finalement gagné au Brésil en 1992, Senna répéta cette performance avec une victoire tactique remarquable à Interlagos. Prost était en tête quand il se mit à pleuvoir sérieusement : il heurta une voiture qui avait dérapé. Cela mit Hill en tête, mais Senna réussit à le dépasser. Hill fut malgré tout satisfait de finir en seconde place.

    La pluie devenait le thème de l'année car elle fut présente au Grand Prix d'Europe de Donington Park, mais Senna fit l'une de ses plus grandes performances de tous les temps en forçant son chemin de la quatrième position sur la grille jusqu'à la première à la fin d'un premier tour étonnant ; il distança ainsi ses rivaux qui le suivirent péniblement. Les pilotes Williams n'étaient pas du tout de la même classe et Senna devança Hill de plus d'une minute. Prost montra son dégoût pour la pluie et fut troisième avec un tour de retard, mais il dût subir une multitude d'arrêts en raison d'erreurs tactiques répétées.

    Furieux des critiques qu'il reçut de la presse en France pour sa performance apathique à Donington, Prost riposta par une victoire contrôlée à Imola, bien qu'il ait eu à se battre avec un accélérateur coincé. Hill mena pendant les premiers tours mais dérapa. Senna courait deuxième quand son système hydraulique céda, donc il laissa sa position à Schumacher qui n'en demandait pas tant.

    Hill était vraiment désireux de marquer sa première victoire à Barcelone. Il mena dès le début, retomba derrière Prost puis repris la pression, et sa performance allait donner de bons résultats mais son moteur se cassa, ce qui laissa Prost gagner comme il le voulait devant Senna et Schumacher. Il est à noter que le coéquipier de Senna, Michael Andretti, le fils du champion mondial de 1978, Mario Andretti, termina finalement une course en marquant les deux points de la cinquième place. Pour le héros de la course Indycar, il était pas très facile de passer à la Formule 1.

     

    Senna lutte pour la première position

    A Monaco, il fallait que Senna gagne. C'est ce qui se passa pour la sixième fois mais la course n'alla pas en sa faveur comme précédemment. Prost mena dès le début mais reçut une pénalité "stop and go", et cette punition fut aggravée par le fait qu'il cala à deux reprises au moment de repartir. Cela plaça Schumacher devant, mais son système hydraulique céda et Senna prit donc la tête. Hill vint en second, espérant l'abandon de Senna afin de pouvoir gagner la course remportée cinq fois par son père, Graham Hill. Jean Alesi fut troisième pour Ferrari. Le Grand Prix du Canada marqua le début d'une série de quatre victoires pour Prost. Personne d'autre ne put se placer, car Schumacher bénéficia encore de l'abandon tardif de Senna pour arriver péniblement deuxième, et Hill troisième.

    Compte tenu de la supériorité technique de la Williams, il était surprenant qu'il ait fallu huit rounds avant qu'elle puisse marquer un doublé. Cela se produisit comme il se doit sur le terrain de leur fournisseur de moteur, Renault. Hill mena à partir de la pole position, mais fut retardé dans les stands et relégué au second rang par Prost. Et cela resta ainsi jusqu'à la fin de la course, cette paire de pilotes franchissant la ligne l'un derrière l'autre. Schumacher fut troisième. Si Prost était capable de gagner sur son terrain, Hill l'était pareillement au Grand Prix de Grande-Bretagne ; ou du moins c'était ce que pensait Damon. Mais malheureusement, il n'en fut pas ainsi. Au début, depuis le départ, il vit ses efforts anéantis quand son moteur se cassa aux deux tiers de la distance. Prost n'eut pas besoin de se faire prier et fila tout droit vers la victoire, qui était sa 50e. Les compères de chez Benetton, Schumacher et Riccardo Patrese, terminèrent deuxième et troisième.

     

    La série gagnante de Hill

    Le destin semblait s'interposer entre Hill et la victoire, car, alors qu'il paraissait réussir en Allemagne, l'infortune arriva deux tours avant la fin. Il avait été en tête pendant 43 tours et un pneu explosa. Prost, qui était dix secondes derrière après avoir subi une autre pénalité "stop and go", le dépassa à toute allure, alors que Hill essayait en vain de revenir jusqu'à son stand, et bien sûr Schumacher et Brundle en profitèrent pour arriver deuxième et troisième.

    Finalement, la chance tourna : Hill gagna au Hungaroring où Mansell avait eu le titre en 1992, Bien qu'il se soit qualifié derrière Prost, Hill mena sur toute la distance quand Prost fut forcé de partir de l'arrière de la grille après avoir calé pendant le tour de chauffe. Senna suivit Hill comme son ombre dans les premiers tours, mais il abandonna pour laisser le champ libre à Patrese et Berger qui complétèrent le podium.

    Les deux courses suivantes eurent deux choses en commun : toutes deux furent gagnées par Hill et toutes deux eurent des accidents effroyables. Alessandro Zanardi, qui partit d'abord, eut un grave accident alors qu'il se qualifiait en Belgique : il racla sa Lotus sur les barrières de sécurité au terrible virage de l'Eau Rouge. Ensuite, en Italie, Christian Fittipaldi en touchant la voiture de son coéquipier au sprint final, effectua un véritable looping aérien. Ce fut un miracle qu'elle retombât sur ses quatre roues pour franchir ainsi la ligne d'arrivée. Schumacher et Prost suivirent Hill jusqu'au bout à Spa, tandis qu'Alesi et Andretti furent second et troisième à Monza. Prost aurait dû gagner en Italie et donc recevoir son quatrième titre mondial, mais son moteur cassa à cinq tours de la fin.

     

    Schumacher fait un beau score

    Les performances de Schumacher avaient été prometteuses durant la saison et il n'y eut pas de surprise quand il marqua la seconde victoire de sa carrière au Portugal. Cependant il lui fallut fournir un réel effort, car Prost était juste derrière lui et les pneus de l'Allemand étaient presque usés. Mais il persista et gagna.

    Prost à une seconde derrière, reçut le titre mondial et annonça sa retraite. Hill se qualifia en pôle position mais il cala et dut rattraper son retard pour arriver finalement troisième depuis l'arrière de la grille. Il en fut de même au Japon. Senna gagna avec style, mais il chercha la bagarre en allant trouver Irvine qui, à son avis, avait bloqué son chemin.

    Une fois de plus, Senna se fit réprimander. Cela indiquait également qu'Irvine (qui termina remarquablement sixième pour Jordan) était un pilote sur lequel il fallait ouvrir l'œil. Prost et Mika Hakkinen, qui remplaçait superbement Andretti chez McLaren, complétèrent le podium. La saison se termina à Adélaïde pour Senna et sa victoire contribua à faire passer McLaren devant Ferrari comme étant l'équipe de Formule 1 la plus performante de tous les temps. Prost fut second et Hill troisième et le reste, un tour derrière. Cela résumait la saison.

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES PILOTES

    Pos.

    Pilote

    Nat.

    Marque

    Pts

    1

    Alain Prost

    Fr

    Williams-Renault

    99

    2

    Ayrton Senna

    Bré

    McLaren-Ford

    73

    3

    Damon Hill

    GB

    Williams-Renault

    69

    4

    Michael Schumacher

    All

    Benetton-Ford

    52

    5

    Riccardo Patrese

    It

    Benetton-Ford

    20

    6

    Jean Alesi

    Fr

    Ferrari

    16

    7

    Martin Brundle

    GB

    Ligier-Renault

    13

    8

    Gerhard Berger

    Aut

    Ferrari

    12

    9

    Johnny Herbert

    GB

    Lotus-Ford

    11

    10 

    Mark Blundell

    GB

    Ligier-Renault

    10

    Tous les résultats comptent

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES CONSTRUCTEURS

    Pos.

    Marque

    Pts.

    1

    Williams

    168

    2

    McLaren

    84

    3

    Benetton

    72

    4

    Ferrari

    28

    5

    Ligier

    23

    6

    Lotus

    12

     

    Sauber

    12

    8

    Minardi

    7

    9

    Footwork

    4

    10

    Jordan

    3

     

    Larrousse

    3

    Championnats : 1994

    Ce fut une année particulièrement difficile, un championnat gâché par la mort de Senna et par toutes sortes de querelles. Il se termina à Adélaïde, lorsque Michael Schumacher s'adjugea la couronne de lauriers d'une manière quelque peu controversée.

    Peu de personnes auraient été intéressées de parier sur le résultat du championnat à venir. Ce devait être en toute certitude Ayrton Senna pour Williams. Mais, en fait, ce n'est pas ce qui se produisit. Au moment de sa mort au mois de mai, le grand Brésilien n'avait marqué aucun point aux deux premières courses, tandis que l'Allemand Michael Schumacher avait déjà deux victoires à son crédit chez Benetton. Que se passait-il donc ? La technologie avait changé depuis 1993, et certaines aides au pilotage telles que la commande de traction avaient été interdites. Pour 1994, il était nécessaire pour les voitures de refaire une fois le plein, donc l'aspect tactique de la course devenait crucial.

    Senna partit en tête au Brésil. Cependant le premier round d'arrêt dans les stands révéla quelque chose d'important : Benetton était le roi de l'arrêt au stand. Ils libérèrent Schumacher plus rapidement que Williams renvoyant Senna en course. Schumacher se trouva donc en tête et il y resta. Senna ne put garder l'allure, et dans ses efforts désespérés, il dérapa, ce qui laissa son coéquipier Damon Hill terminer second, avec Jean Alesi troisième pour Ferrari. La course fut tristement mémorable à cause d'un terrible accident dans lequel Jos Verstappen fit faire un tonneau à la seconde Benetton et tamponna la McLaren de Martin Brundle quand il retomba. Mais heureusement, personne ne fut blessé.

    Ensuite, ce fut le tour du circuit T1 entièrement nouveau, au Japon, qui accueillait un Grand Prix pour la première fois. Toutes pensées d'un autre combat entre Senna et Schumacher furent dissipées au premier tournant de ce circuit étroit, car Senna fut projeté dans le gravier par Mika Hakkinen de McLaren. Cela laissa Schumacher libre de gagner comme il le voulait avec la Ferrari de Berger, et pour Rubens Barrichello ce fut l'extase, car il marquait le premier podium de l'équipe Jordan.

     

    Tragédies à Saint Marin

    Arriva ensuite le plus mauvais Week-end dont on puisse se souvenir : Le Grand Prix de San Marino. Lors de la qualification du vendredi, Barrichello faillit se tuer dans un accident à la dernière chicane. Il eut de la chance, mais le jour suivant, l'Autrichien Roland Ratzenberger se tua en heurtant un mur à près de 320 km/h dans sa Simtek. Ensuite l'événement le plus cruel et le plus incroyable se produisit : Senna eut un accident alors qu'il se trouvait en tête dans le virage rapide de Tamburello. Celui qui paraissait immortel venait de rejoindre son destin.

    Monaco eut lieu dans l'ombre de cette double tragédie, et rien n'aurait pu être pire que ce qui se passa dans la qualification, car Karl Wendlinger eut un accident avec sa Sauber à la sortie du tunnel et il tomba dans le coma durant un mois. Schumacher gagne sa quatrième victoire de suite. Martin Brundle était à plus de trente secondes derrières lui, en seconde place pour McLaren avec Berger en troisième position.

    Au moment du Grand Prix d'Espagne, les pilotes avaient insisté pour que l'on change le circuit de Barcelone pour lui apporter davantage de sécurité. Cela signifiait l'introduction de plusieurs chicanes provisoires pour ralentir les voitures. Le résultat de la course fut ce que tout le monde espérait : une victoire pour Williams. Schumacher était en tête mais sa boîte de vitesse bloqua en cinquième vitesse et Hill le dépassa. Mais ce qui est incroyable, c'est que Schumacher put terminer second avec Mark Blundle troisième pour Tyrrell. Au Canada, Schumacher repris son habitude de victoire. Il gagna sur Hill de quarante secondes, avec Alesi et Berger juste derrière. Coulthard marqua ses premiers points en cinquième position.

    Les médias étaient inquiets de la baisse du chiffre de téléspectateurs, on ramena Mansell de l'Indycar pour une seule course dans le Grand Prix de France. Renault paya pour son retour en espérant qu'il allait leur donner une victoire sur leur propre sol. Cependant, bien que s'étant qualifié en première ligne aux côtés de Hill, aucun des pilotes Williams ne réussit à passer en tête au premier virage et aucun ne gagna. Schumacher, par contre, réussit à démarrer d'une façon incroyable et emporta la victoire avec Hill en second et Berger juste derrière.

    Ensuite vint le Grand Prix de Grande-Bretagne. Et ce fut à Silverstone que la comédie commença. Schumacher brisa l'ordre de la grille et passa deux fois devant Hill, qui était en pole position, pendant le tour de chauffe. Cela est contraire aux règles, et on lui montra donc le drapeau noir pendant la course. Au lieu de rentrer au stand, il ne tint pas compte de ce drapeau. Il fut donc suspendu sur deux courses. Finalement, il rentra pour une pénalité "Stop and go" et Hill gagna donc sur son terrain, avec Schumacher deuxième et Alesi troisième.

     

    Le retour de Ferrari

    L'équipe de Schumacher, qui était décidée à ne pas manquer sa course sur son terrain, s'arrangea pour que la suspension soit retardée mais il était dit que Schumacher ne devait pas gagner à Hockenheim. La victoire revint en fait à Berger, ce qui, pour Ferrari, était la première victoire depuis 58 Grands Prix. Cependant, cette course sera mémorable pour un incendie de stand qui dévora la Benetton de Verstappen. Incroyablement, Verstappen s'en tira avec de faibles brûlures. La course souffrit aussi d'un carambolage au premier tournant qui fit sortir onze voitures et pour lequel Hakkinen fut blâmé et suspendu d'une course.

    Les choses ne pouvaient qu'aller mieux en Hongrie. Et c'est ce qui se passa, surtout pour Benetton avec Schumacher et Verstappen prenant Hill en sandwich en première et troisième position. La controverse reprit à Spa. Schumacher gagna devant Hill et Hakkinen mais il avait trop usé le dessous de sa planche et fut disqualifié, ce qui éleva Verstappen en troisième position.

    Schumacher manqua les deux courses suivantes en Italie et au Portugal. Il était essentiel que Hill gagnât les deux. Et c'est ce qu'il fit. A Monza, il réussit à dépasser les Ferrari et faillit réaliser un doublé pour Williams quand Coulthard manqua de carburant au dernier tour, ce qui laissa Berger et Hakkinen prendre la seconde et troisième place. Ensuite à Estoril, Hill réussit à tenir tête à Coulthard jusqu'à la fin, avec Hakkinen pour compléter le podium.

    Et le décor était donc dressé pour les trois dernières courses, avec Hill juste à un point derrière Schumacher. L'Allemand revint de la meilleure façon possible, en battant Hill à Jerez quand la Williams ne put pas prendre la bonne quantité de carburant lors d'un arrêt au stand. Une fois de plus, Hakkinen fut troisième.

    La course japonaise, la plus exaltante de l'année, eut lieu sous une pluie battante. Schumacher prit la tête, Hill lui colla derrière au point de ne rien voir dans les projections provoquées par la voiture qui le précédait. La course allait se décider sur le fait que Schumacher choisit de faire deux arrêts et Hill juste un seul. Les derniers tours furent désespérés, car Schumacher utilisa ses pneus neufs pour se rapprocher de Hill. Il était très près mais Hill tint bon. Alesi fut troisième. Ce fut une victoire cruciale car Schumacher arriva à la dernière course avec un avantage d'un seul point.

    Comme au Japon, Schumacher et Hill furent au top sur le terrain d'Adélaïde. Juste à mi course, alors que Hill comblait inexorablement le retard, Schumacher perdit le contrôle, sortit de la piste et toucha le mur. Hill plongea immédiatement dans l'intervalle laissé au virage suivant, mais l'Allemand, sachant que sa voiture était endommagée, tamponna Hill. Schumacher abandonna mais il s'était attribué la place de nouveau champion du monde étant donné que la monoplace de Hill était trop endommagée pour continuer. Mansell passa donc en tête pour gagner devant Berger et Brundle.

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES PILOTES

    Pos.

    Pilote

    Nat.

    Marque

    Pts

    1

    Michael Schumacher

    All

    Benetton-Ford

    92

    2

    Damon Hill

    GB

    Williams-Renault

    91

    3

    Gerhard Berger

    Aut

    Ferrari

    41

    4

    Mika Hakkinen

    Fin

    McLaren-Peugeot

    26

    5

    Jean Alesi

    Fr

    Ferrari

    24

    6

    Rubens Barrichello

    Bré

    Jordan-Hart

    19

    7

    Martin Brundle

    GB

    McLaren-Peugeot

    16

    8

    David Coulthard

    GB

    Williams-Renault

    14

    9

    Nigel Mansell

    GB

    Williams-Renault

    13

    10 

    Jos Verstappen

    Hol

    Benetton-Ford

    10

    Tous les résultats comptent

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES

    CONSTRUCTEURS

    Pos.

    Marque

    Pts.

    1

    Williams

    118

    2

    Benetton

    103

    3

    Ferrari

    71

    4

    McLaren

    42

    5

    Jordan

    28

    6

    Ligier

    13

     

    Tyrrell

    13

    8

    Sauber

    12

    9

    Footwork

    9

    10

    Minardi

    5

    Championnats : 1995

    Nouveau duel de Williams contre Benetton, de Damon Hill contre Michael Schumacher. Le plus rapide des qualifications face au meilleur pilote du monde. Tout se passa très vite car, avant même la dernière épreuve, l’Allemand avait remporté son deuxième titre mondial de manière incontestable.

     Personne de s'attendait à ce que Michael Schumacher remporte le titre de Champion du monde en 1994. C'est le malheureux décès d'Ayrton Senna qui lui laissa le champs libre pour décrocher le titre sous le nez de Damon Hill. En 1995 par contre, c'est l'Anglais qui allait avoir le dernier mot. Fidèle à l'écurie Williams, il bénéficiait du meilleur châssis et du moteur le plus puissant : le V10 Renault.

    Schumacher courait lui aussi sur Renault. Enfin à égalité en terme de puissance après avoir souffert d'une infériorité en 1994, l'Allemand avec sa Benetton avait des airs de brute au niveau du maniement de sa monoplace. L'équipier de Schumacher, Johnny Herbert, pouvait témoigner de la nervosité du véhicule.

    En pôle position dans le Grand Prix du Brésil, Hill était en tête devant Schumacher quand sa suspension lâcha, permettant à l'Allemand de remporter la victoire devant l'équipier de Hill, David Coulthard. Les deux premiers furent ensuite disqualifiés pour avoir utilisé du carburant non standard. Ils furent réhabilités par la suite.

    Puis vint l'Argentine, avec son premier Grand Prix en 14 ans. Hill dominait devant la Ferrari de Jean Alesi et un Schumacher qui n'était pas en forme. Alesi eut de la chance étant donné qu'il avait perdu le contrôle de son véhicule au départ et s'était attiré un drapeau rouge pour avoir provoqué un carambolage. Heureusement pour Alesi, c'était son tour d'avoir le mulet, qui fut donc préparée pour lui et pas pour son coéquipier Gerhard Berger, à la carrure plus grande.

    La course suivante se déroula en Europe, permettant à Imola de revenir en pleine forme juste un an après la rencontre qui avait coûté la vie à Ayrton Senna et à Roland Ratzenberger. Cette fois-ci, tout se passa bien et Hill se classa en tête devant les Ferrari, Alesi et Berger. Et Schumacher ? Il avait fait une erreur et envoyé sa voiture dans les barrières de sécurité.

    Tout finit pour le mieux pour Benetton en Espagne, Schumacher prenant la tête au classement devant Berger. Schumacher démarra en pôle position et resta en tête pendant toute la course. Hill aurait dû prendre la seconde place mais son système hydraulique le lâcha au dernier tour, le faisant reculer en quatrième position. Une panne du même type fit perdre la troisième place à Coulthard.

     

    Un seul arrêt fait des merveilles

    Il fut un temps où Monaco était la chasse gardée de Senna. De nos jours, tout le monde regarde en direction de Schumacher pour l'arrivée. Mais certains furent déçus quand Hill se plaça résolument en pole position. Dans la course cependant, le choix d'un seul arrêt de Benetton permit à Schumacher de battre de 35 secondes Hill qui s'était arrêté deux fois.

    Au Canada, Schumacher décida une fois de plus de s'arrêter une seule fois, mais il dût se résoudre à un arrêt inopiné à cause de problèmes de changements de vitesse. Alesi grignota son temps pour remporter son premier Grand Prix après 91 tentatives et déclencha une émotion intense, surtout chez son ancien manager Eddie Jordan dont les voitures prirent la deuxième et troisième place, avec Rubens Barrichello devant Eddie Irvine.

    Schumacher s'imposa face à Hill en France, réussissant à prendre le contrôle, plus grâce à la stratégie d'arrêt dans les stands que par sa technique pour doubler sur la piste. Hill fut coincé parmi les derniers de la course lors du premier arrêt de Schumacher et ne put s'arrêter par la suite car son coéquipier se trouvait déjà dans les stands. Coulthard parvint de justesse à résister à la Ligier de Martin Brundle et prit la troisième place.

    Les historiens marqueront l'année 95 comme celle de nombreux accrochages entre Schumacher et Hill. Le premier incident survint à Silverstone alors que Hill cherchait à doubler Schumacher pour prendre la tête de la course, après son deuxième arrêt dans les stands. Le coup montrait un énorme culot et les fit sortir tous deux de la piste. Coulthard avait donc le champ libre pour remporter sa première course mais il fut pénalisé de 10 secondes pour avoir dépassé la limite de vitesse dans le couloir des stands. Herbert s'imposa donc face à Alesi.

    L'Allemagne suivant la Grande-Bretagne sur le calendrier des courses, Hill fut donc hué par les foules de Hockenheim. Démarrant en pole position, il ouvrit une brèche dans le premier tour mais perdit rapidement le contrôle de son véhicule, provoquant un accident au début du second tour. Schumacher prit le relais et put gagner comme il le voulait devant Coulthard, obtenant ainsi une avance de 21 points au classement.

    Hill se racheta en Hongrie avec une performance parfaite : pole position, record de temps dans le tour et victoire, suivit par Coulthard en seconde place, Schumacher ayant abandonné suite à une panne de pompe à carburant vers la fin de la course alors qu'il occupait la seconde place.

    Coulthard domina le circuit en Belgique mais ayant cassé sa boîte de vitesses, il laissa la place à Hill et à Schumacher (qui avait remonté depuis la seizième position !) pour une bataille acharnée. Il y eut un contact léger alors que Schumacher (équipés en pneus lisses) faisait tout son possible pour bloquer Hill (équipé de pneus pluie), tous deux conservant la tête et faisant mentir les avantages des nouveaux pneus. Et cette tactique fut récompensée bien que Schumacher ait récolté une interdiction avec sursis de courir sur circuit sur une période probatoire de quatre Grands Prix, en raison de la "puissance" de ses tactiques. Irvine eut de la chance d'échapper à un incendie alors qu'il faisait le plein à son stand.

    En Italie, Coulthard se lança de nouveau en tête avant d'abandonner, alors que Schumacher et Hill provoquaient à nouveau un carambolage. Cette fois, la responsabilité incombait à Hill qui accrocha l'arrière de la Benetton alors qu'elle était à la poursuite de Berger. Celui-ci dut également finir par abandonner. Alesi le remplaça en tête mais il était écrit que Ferrari n'allait pas gagner sur son terrain car il fut contraint lui aussi à l'abandon et c'est Herbert qui fit une percée et remporta la course devant la McLaren de Mika Hakkinen et la Sauber de Heinz-Harald Frentzen.

    Coulthard fait des siennes à Estoril

    C'est au Portugal que Coulthard finit par être récompensé de ses efforts. Schumacher ayant fait reculer Hill en troisième position dans les dernier tours. A cause d'Ukyo Katayama qui avait fait un tonneau avec sa Tyrrell au démarrage, il fallut redonner le départ de la course.

    Le Grand Prix d'Europe au Nurburgring fut surprenant. Malgré des conditions pluvieuses, Alesi parvint à étonner tout le monde non seulement en démarrant avec des pneus lisses mais en parvenant ensuite à remonter pour se placer en tête. La course prit ensuite un tournant féroce. Hill heurtant la barrière avec sa monoplace, puis Hill et Schumacher ayant un accrochage. Ce fut l'abandon pour Hill laissant Schumacher libre de se lancer à la poursuite d'Alesi pour le rattraper et le dépasser trois tours avant la fin de la course. Sa victoire n'était que méritée.

    Deux courses s'ensuivirent au Japon, avec en premier le Grand Prix du Pacifique sur le circuit de T1. Celui-ci fut remporté par Schumacher, qui décrochait ainsi son second titre mondial consécutif. Coulthard était en tête pendant les 50 premiers tours mais la stratégie de trois arrêts de Schumacher, alors que Coulthard n'en faisait que deux, fut décisive. Sa vitesse fantastique n'en était pas moins extraordinaire. Hill se classa troisième loin derrière.

    Schumacher ne fit que confirmer sa suprématie à Suzuka, remportant là sa neuvième victoire de suite dans l'année, ce qui valut à Benetton de recevoir sa première couronne de constructeur. Courue dans des conditions mixtes, Hill et Coulthard abandonnant tous les deux, laissant le champ libre à Hakkinen (qui était de retour après une absence d'une course due à une appendicectomie) pour prendre la seconde place devant Herbert.

    Vint ensuite Adélaïde, dernière course de la saison. Coulthard voulait couronner d'une victoire sa dernière course chez Williams, mais il laissa son écurie désemparée quand, lors d'un arrêt (alors qu'il était en tête), il fonça dans le mur d'entrée du stand. Hill eut alors l'opportunité de remporter la course, alors que Schumacher et Alesi furent éliminés dans un accrochage. Frentzen prit alors la seconde position avant d'abandonner à son tour. Idem pour Herbert. En fait, presque tous les favoris durent abandonner et Hill remporta la victoire avec deux tours d'avance sur la Ligier d'Olivier Panis, et l'Arrows de Gianni Morbidelli.

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES PILOTES

    Pos.

    Pilote

    Nat.

    Marque

    Pts

    1

    Michael Schumacher

    All

    Benetton-Renault

    102

    2

    Damon Hill

    GB

    Williams-Renault

    69

    3

    David Coulthard

    GB

    Williams-Renault

    49

    4

    Johnny Herbert

    GB

    Benetton-Renault

    45

    5

    Jean Alesi

    Fr

    Ferrari

    42

    6

    Gerhard Berger

    Aut

    Ferrari

    31

    7

    Mika Hakkinen

    Fin

    McLaren-Mercedes

    17

    8

    Olivier Panis

    Fr

    Ligier-Mugen Honda

    16

    9

    Heinz-Harald Frentzen

    All

    Sauber-Ford

    15

    10 

    Mark Blundell

    GB

    McLaren-Mercedes

    13

    Tous les résultats comptent

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES

    CONSTRUCTEURS

    Pos.

    Marque

    Pts.

    1

    Benetton

    137

    2

    Williams

    112

    3

    Ferrari

    73

    4

    McLaren

    30

    5

    Ligier

    24

    6

    Jordan

    21

    7

    Sauber

    18

    8

    Footwork

    5

    9

    Tyrrell

    5

    10

    Minardi

    1

    Championnats : 1996

    Mission accomplie pour Damon Hill. En 1996, le Britannique a enfin décroché le titre de champion du monde que Schumacher lui avait soufflé sous le nez a deux reprises. La force des Williams, cette fois, avait payé.

    La saison 1996 s’annonçait comme celle de tous les records pour Damon Hill. Le champion du monde 1994 et 1995, Michael Schumacher, étant parti chez Ferrari, il semblait que rien ne pourrait empêcher l’Anglais d’imiter son père et de décrocher à son tour le titre.

    Quatre victoires au cours des cinq premières courses donnèrent raison aux pronostiques. Mais c'est alors que le destin frappa, et empêcha Damon de remporter le Grand Prix de Monaco, une épreuve qu’il souhaitait désespérément accrocher à son palmarès depuis ses débuts en F1. Ce jour-là, trois voitures seulement franchirent la ligne d’arrivée, qui couronna un surprenant Olivier Panis sur sa Ligier. Deux semaines plus tard, un abandon au Grand Prix d’Espagne signifia à nouveau que Hill ne marquait aucun point, alors que Schumacher faisait carton plein sous la pluie.

    Il faut toutefois préciser que depuis le tout premier Grand Prix, en Australie, Damon Hill a ressenti une certaine menace provenant de l’intérieur même de son équipe. Car le Québécois Jacques Villeneuve, Champion Indycar en titre, avait effectué un hiver de tests très complet, afin d’être prêt à ses début en F1. Le petit Canadien eut même l’audace de montrer à Hill comment piloter au cours du premier Grand Prix, à Melbourne, avant qu’une fuite d’huile ne le contraigne à ralentir. Villeneuve n’eut pas à patienter longtemps : Il remporta son quatrième Grand Prix, au Nurburgring, après une longue course poursuite avec Schumacher.

     

    Mauvaises nouvelles

    Ses victoires au Canada et en France ont replacé Damon Hill sur les rails du succès. Mais il n’eut pas la même fortune sur son propre terrain, à Silverstone, où il trébucha et où Villeneuve s’imposa. L’univers de Hill sembla même s’effondrer à Hockenheim, lorsque la rumeur de son remplacement par Heinz-Harald Frentzen commença à courir dans le paddock. Il parvint toutefois à rentrer d’Allemagne avec le sourire puisqu’il y décrocha une victoire chanceuse au moment où le moteur Renault de la Benetton de Gerhard Berger explosa à trois tours de l’arrivée. Ce qui plaçait Hill en tête du championnat avec 21 points d’avance sur Villeneuve.

    Une avance qui ne tarda pas à fondre, puisque Villeneuve remporta le Grand Prix de Hongrie avec une courte tête d’avance sur Hill, avant de réduire l’avance de ce dernier à 13 points en terminant deuxième au Grand Prix de Belgique. Quelques jours plus tard, Franck Williams annonça que Frentzen remplacerait effectivement Hill la saison suivante. Même si le Britannique finissait par décrocher le titre mondial, il devrait se chercher un autre volant pour 1997. Et toutes les bonnes places étaient déjà prises…Lorsque Damon Hill, en tête de la course, sortit de route au Grand Prix d’Italie, son cas sembla devenir sérieux. Mais Villeneuve ne parvint pas non plus à marquer, ce qui permettait à Hill d’être en position de s’attribuer le titre au Portugal. Il mena l’épreuve jusqu’au 48eme tour. Mais c’est alors que Villeneuve le dépassa après une course somptueuse, qui le vit doubler Schumacher par l’extérieur de la longue courbe précédant la ligne droite. Villeneuve parvint ainsi à conserver ses chances jusqu’à la dernière course de la saison, au Japon, quoique Hill n’avait besoin que d’un seul point pour s’attribuer le titre.

    Damon Hill marqua ce grand prix de son autorité, menant le peloton du départ jusqu’à l’arrivée. Toutefois, il était déjà devenu le premier champion du monde de deuxième génération car Villeneuve avait perdu une roue et était sorti de piste quinze tours plus tôt. Pour Damon Hill, le but de toute une vie était enfin atteint. Pour Villeneuve, ce n’était que le commencement.

     

    La transition pour Villeneuve

    Pour beaucoup d’observateurs, Jacques Villeneuve et ses quatre victoires fut une révélation en 1996. L’instinct de pilote de Jacques Villeneuve ne se manifesta pas dans le même style flamboyant que son père Gilles, mais il était tout aussi efficace. Beaucoup jugèrent 1996 comme une répétition générale, concluant que personne ne pourrait enlever le titre à Villeneuve en 1997.Derrière ce tandem doré, Michael Schumacher se montra royal à chaque fois qu’il parvint à faire fonctionner sa Ferrari convenablement tout comme Alesi l’année précédente. A la mi-saison, ce ne fut pas souvent le cas. Schumacher remporta néanmoins les Grand Prix d’Espagne, de Belgique et d’Italie, son pilotage sous la pluie de Barcelone s’avérant le plus impressionnant de la saison. La Scuderia avait commencé la saison avec une monoplace au nez abaissé, un mauvais choix, avant de changer à la mi-saison pour sacrifier à la mode des nez hauts. Ferrari passa donc l’essentiel de la saison à courir après le temps perdu, Michael Schumacher effectuant la quasi totalité des essais privés. Finalement, la troisième place décrochée par Eddie Irvine lors du premier Grand Prix se révéla son meilleur résultat de la saison.

     

    Benetton déçoit

    Gerhard Berger et Jean Alesi méritaient de remporter quelques victoires sur leur Benetton, mais ils n’en décrochèrent aucune. Gerhard Berger fut victime d’un sérieux virus au début de l’année, dont il ne se remit qu’à la mi saison. Alesi était presque toujours dans le coup, mais signa quelques gaffes qui provoqua la colère de son patron Flavio Briatore – comme sa sortie de route du premier tour au

    Grand Prix du Japon, qui permit à Ferrari de s’emparer de la seconde place du championnat des constructeurs.

    Mercedes nourrissait de gros espoirs de récolter quelques succès pour la première fois depuis son alliance avec McLaren, mais même si les deux pilotes Mika Hakkinen et David Coulthard firent de leur mieux, ils en restèrent loin. Jordan monta d’une place par rapport à 1995 pour terminer cinquième du championnat, passant devant Ligier. Eddie Jordan remercia ses deux pilotes, Rubens Barrichello et Martin Brundle, à sa manière en les congédiant. Ligier, par contre, remporta un Grand Prix. Mais à part le coup de chance qui permit à Olivier Panis de s’imposer à Monaco, le Grenoblois ne marque de points qu’à deux autres reprises. Heinz-Harald Frentzen resta le favori de l’écurie Sauber, quoique son coéquipier Herbert poussa parfois l’Allemand dans ses retranchements.

    Tyrrell, Footwork et Minardi continuèrent d’aligner deux voitures et de prier pour marquer quelques points par-ci par-là.

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES PILOTES

    Pos.

    Pilote

    Nat.

    Marque

    Pts

    1

    Damon Hill

    GB

    Williams-Renault

    97

    2

    Jacques Villeneuve

    Can

    Williams-Renault

    78

    3

    Michael Schumacher

    All

    Ferrari

    59

    4

    Jean Alesi

    Fr

    Benetton-Renault

    47

    5

    Mika Hakkinen

    Fin

    McLaren-Mercedes

    31

    6

    Gerhard Berger

    Aut

    Benetton-Renault

    21

    7

    David Coulthard

    GB

    McLaren-Mercedes

    18

    8

    Rubens Barrichello

    Bré

    Jordan-Peugeot

    14

    9

    Olivier Panis

    Fr

    Ligier-Mugen Honda

    13

    10 

    Eddie Irvine

    GB

    Ferrari

    11

    Tous les résultats comptent

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES

    CONSTRUCTEURS

    Pos.

    Marque

    Pts.

    1

    Williams

    175

    2

    Ferrari

    70

    3

    Benetton

    68

    4

    McLaren

    49

    5

    Jordan

    22

    6

    Ligier

    15

    7

    Sauber

    11

    8

    Tyrrell

    5

    9

    Footwork

    1

    Championnats : 1998

    Comme le laissait présager la course d'ouverture de Melbourne, Le Championnat du monde de Formule 1 est revenu cette année à Mika Hakkinen et McLaren Mercedes. Pourtant, contre toute attente, leur couronnement n'a eu lieu qu'à l'issue de l'ultime épreuve, au Japon.

    Même s'il ne disposa pas de la meilleure monoplace du plateau, Michael Schumacher réussit chaque année, avec une maestria peu commune, à contester jusqu'au bout le titre de Champion du monde. Malheureusement, à chaque fois, le sort en décida autrement. Ni la fiabilité exemplaire, ni le baroud d'honneur de Goodyear n'ont pu redresser la barre à temps et le titre se joua en fait dans la première partie de la saison.

    La domination McLaren

    Au premier rendez-vous de la saison à Melbourne, La McLaren de Mika Hakkinen chaussée pour la première fois de pneus Bridgestone, outrageusement dominante s'installe en tête dès l'extinction des feux pour ne la quitter que lors d'une confusion entre Hakkinen et son stand, son coéquipier Coulthard prenant la relève. Mais le résultat final n'en changera pas pour autant dans la mesure où ce dernier laissa Hakkinen le repasser ce qui donna lieu a controverse. La troisième place fut acquise par Frentzen sur sa Williams mais à un tour du vainqueur.

    Malgré la réclamation portée par Ferrari à l'encontre de McLaren et de leur système de freinage assisté, ce fut une nouvelle victoire pour Hakkinen au Grand Prix du Brésil qui commença à laisser fuser des avants-goûts de suprématie impériale. C'était en effet le deuxième doublé McLaren sur deux courses et tous les efforts fournis par Schumacher ne lui permirent que de terminer sur la troisième marche du Podium. Cependant, le pilote allemand n'attendit pas plus longtemps et ce fut au cours du Grand Prix d'Argentine à Buenos Aires que Schumacher gravit pour la première fois de l'année, la plus haute marche du podium grâce à deux arrêts ravitaillement contre un seul pour les autres écuries. Irvine arriva juste derrière Hakkinen, pour la troisième place.

    Le Grand Prix de San Marino fut remporté par David Coulthard. Auteur de la pôle position, il mena le Grand Prix de bout en bout suivi comme son ombre par un Michael Schumacher bien décidé à ne pas baisser les bras. Jacques Villeneuve réussit quant à lui une très belle course, prenant un départ canon le faisant passer de la sixième à la quatrième place et bataillant durant tout le Grand Prix avec Eddie Irvine pour le gain de la troisième place finalement acquise à l'Irlandais.

    Outre la victoire désormais habituelle d'une McLaren, le Grand Prix d'Espagne fut marqué par l'accrochage opposant la Ferrari d'Eddie Irvine à la Benetton de Giancarlo Fisichella au 29e tour. Les deux protagonistes livraient bataille pour la quatrième place avant d'échouer tous les deux dans le bac à sable. Visiblement, le jeune Italien était furieux contre l'attitude d'Irvine souvent à la limite de la sportivité. Ce Grand Prix fut marqué par les deux premiers points récoltés par Barrichello au volant de sa Steward-Ford au terme d'une furieuse bataille contre Jacques Villeneuve dont la Williams n'avait semble-t-il plus rien à voir avec celle de l'an passé.

    Monaco devait être la course de Schumacher ; l'empattement long des McLaren ne permettant pas théoriquement d'être à l'aise sur ce tracé sinueux. Il en fut tout autrement et même à Monaco, Hakkinen démontra ses qualités de champion en gagnant l'épreuve devant le jeune Fisichella sur sa Benetton et la Ferrari d'Irvine. Schumacher ayant abandonné suite à une bagarre homérique avec Alexander Wurz. Dès lors, si Ferrari ne redressait par la situation de toute urgence, il était certain qu'elle ne pourrait plus le faire. Schumacher allait s'y employer par tous les moyens et ce fut le cas au Grand Prix du Canada.

     

    Schumacher redresse la barre

    Personne ne s'attendait à vivre un Grand Prix du Canada aussi tourmenté, ni les pilotes, ni le public. Pas moins de deux départs, et trois sorties de la Pace Car en moins d'une heure furent nécessaires suite à des carambolages au départ et à des incidents de courses. Ce Grand Prix ne fut pas exempt non plus de controverse avec encore une fois l'implication de Schumacher. Profitant de la neutralisation de la course, Schumacher s'engouffra dans les stands pour ravitailler et ressorti en trombe sur la piste obligeant Heinz-Harald Frentzen à sortir de la piste alors que la course était toujours neutralisée… Il écopa d'une pénalité de 10 secondes aux stands mais grâce à son talent hors du commun, il mena un train d'enfer pour cueillir un succès très contesté dont le seul point positif fut de relancer le Championnat. Il est à noter que durant ce Grand Prix, Olivier Panis sur sa Prost fut troisième avant d'abandonner suite à un problème mécanique. Fisichella réussissait à rééditer son exploit de Monaco suivi par la Ferrari d'Irvine.

    A Magny-Cours, le Podium fut rouge Ferrari, Hakkinen n'ayant pas réussit à s'infiltrer entre les deux Ferrari. Ce fut un grand jour pour la Scuderia italienne car elle n'avait pas réalisé de doublé depuis Prost-Mansell au Grand Prix du Mexique en 1990. La confusion et les controverses reprirent de plus belle à Silverstone, circuit où Schumacher remporta sa première victoire. Ce Grand Prix de Grande-Bretagne se déroula sous un vrai déluge, avec au départ de la course, Hakkinen filant droit vers la victoire avec plus de 40 seconde sur son poursuivant Michael Schumacher pourtant impérial sous la pluie. Il a suffit d'une neutralisation de course pour annihiler tout l'avantage acquis par le Finlandais. A la reprise, il ne put maintenir le rythme de Schumacher et fit un tout droit dans l'herbe ayant pour seule conséquence d'avoir perdu la tête de la course. Pour Schumacher, il ne restait plus qu'à récolter les fruits d'une victoire chanceuse malgré un stop and go rendu inutile suite à des erreurs de commissaires.

    En remportant le Grand Prix d'Autriche, Mika Hakkinen mit un terme à la série de victoires enregistrées par Michael Schumacher. Il avait à présent une avance de huit point sur son dangereux rival mais jugeant que cela ne suffisait pas, le "Finlandais volant" gagna aussi le Grand Prix suivant à Hockenheim portant son avance à seize points et réalisant un doublé pour McLaren Mercedes. Le podium fut complété par Jacques Villeneuve auteur d'une course brillante.

     

    Le Championnat se resserre

    La victoire de Schumacher en Hongrie a relancé complètement le Championnat du monde aidé en cela par une rupture d'amortisseur sur la McLaren d'Hakkinen l'obligeant à terminer à la sixième place. Villeneuve termina pour la deuxième fois consécutive sur la troisième marche du podium juste derrière Coulthard.

    Le Grand Prix de Belgique fut un mélange de Montréal et de Silverstone. D'une part à cause d'un énorme carambolage qui survint au départ mettant hors d'état plus de 13 voitures ! et d'autre part pour les conditions dantesques dans lesquelles c'est déroulé cette course. Au second départ, Hakkinen s'accroche avec Schumacher mais ne parvient pas à repartir. Profitant de la confusion, Hill dans sa Jordan métamorphosée s'échappe en tête mais pour quelques tours seulement. Le virtuose Allemand se jouant de la pluie ne fit qu'une bouchée de son adversaire. La fin de course fut plus désastreuse pour le Champion allemand : perdant patience derrière un David Coulthard quelque peu dépassé par les événements et peu enclin à se laisser dépasser, Schumacher le percute au moment de lui prendre un tour l'obligeant à abandonner. Une explication aussi brève que violente se produisit dans les stands. Pour le Championnat, ce ne fut que partie remise mais pour Jordan ce fut un jour de gloire. Hill talonné par son coéquipier Ralf Schumacher réalisèrent un doublé fantastique apportant à Jordan la première victoire de son histoire. Avec Alesi toujours aussi doué sous la pluie sur la troisième marche du podium. Prost GP ramassa un petit point grâce à la sixième place de Jarno Trulli.

    Le Grand Prix d'Italie fut la véritable célébration du 600e Grand Prix de la Scuderia Ferrari. Schumacher et Irvine offrirent à leur équipe et aux milliers de Tifosi, les deux premières places de la course, signant le 12e succès d'une Ferrari sur ses terres et le sixième pour le pilote allemand cette année. Cette victoire permit à Schumacher de remettre les pendules à zéro, les deux prétendants au titre suprême ayant chacun 80 points à deux courses de la fin.

    Hakkinen ne voulant pas se laisser déborder par son rival remporta de façon magistrale le Grand Prix du Luxembourg avec les armes habituellement utilisées par Ferrari : la tactique de course. Après avoir réussit à passer Irvine, Hakkinen dépassa Schumacher aux ravitaillements et s'installa en tête pour ne plus en partir. Désormais, tout était clair : Le dernier affrontement aura lieu au Japon.

    Tout était réuni pour le grand final au Grand Prix du Japon à Suzuka. La tension après un mois d'interruption, avec la promesse d'une course palpitante que tout le monde rêvait de voir se dérouler de manière différente que celle de Jerez 1997. Schumacher marqua le premier point psychologique en obtenant la pôle position. Après un premier faux départ provoqué par Jarno Trulli, ce fut au tour de Schumacher de trembler et de caler sur la ligne. Le Championnat était joué, Schumacher devait partir de la dernière ligne. Cependant, au baisser du drapeau, l'Allemand démarra comme une fusée en passant de la 21e à la 15e place dès le premier virage et continua sa folle remontée jusqu'à ce qu'il butte sur Damon Hill en prise avec la Williams de Jacques Villeneuve. Après les premiers ravitaillement, Schumacher se retrouva en troisième position mais n'ayant pas encore ravitaillé lui-même. Paradoxalement, c'est un accident entre Tuero et Takagi qui mit fin à la course au titre et aux espoirs de Schumacher car ce dernier roula sur des débris et son pneu explosa l'obligeant à abandonner. Il ne lui restait plus qu'à regarder du bord de la piste la huitième victoire de son adversaire, Hakkinen nouveau Champion du monde.

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES PILOTES

    Pos.

    Pilote

    Nat.

    Marque

    Pts

    1

    Mika Hakkinen

    Fin

    McLaren-Mercedes

    100

    2

    Michael Schumacher

    All

    Ferrari

    86

    3

    David Coulthard

    GB

    McLaren-Mercedes

    56

    4

    Eddie Irvine

    GB

    Ferrari

    47

    5

    Jacques Villeneuve

    Can

    Williams-Mécachrome

    21

    6

    Damon Hill

    GB

    Jordan-Mugen Honda

    20

    7

    Heinz-Harald Frentzen

    All

    Williams-Mécachrome

    17

    Alexander Wurz

    Aut

    Benetton-Mécachrome

    17

    9

    Giancarlo Fisichella

    It

    Benetton-Mécachrome

    16

    10

    Ralf Schumacher

    All

    Jordan-Mugen Honda

    14

    Tous les résultats comptent

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES

    CONSTRUCTEURS

    Pos.

    Marque

    Pts.

    1

    McLaren

    156

    2

    Ferrari

    133

    3

    Williams

    38

    4

    Jordan

    34

    5

    Benetton

    33

    6

    Sauber

    10

    7

    Arrows

    6

    8

    Stewart

    5

    9

    Prost

    1

     

    Championnats : 1999

    L'année 1999 fut l'année du sang, des larmes, de la joie et de la douleur. La cinquantième saison a tenu toutes ses promesses au niveau du suspense. Mika Hakkinen réussi la passe de deux alors que Michael Schumacher fut victime d'un terrible accident qui le priva de toute chance de disputer le titre. 1999, nous a offert un second double champion du monde.

    Goodyear absent, Bridgestone se retrouva en position de monopole. Jacques Villeneuve rejoignit la toute nouvelle écurie BAR dirigée par son ami Craig Pollock mais cette première saison fut désastreuse à cause d'un manque de fiabilité certain. Alessandro Zanardi revint à la formule reine auréolé de ses deux titres de champion d'Indycar et fut accueilli par Williams qui en a profité pour changer ses deux pilotes en faisant un échange avec Jordan qui pris Heinz-Harald Frentzen à la place de Ralf Schumacher. L'intersaison fut marquée par une polémique au sujet des ailerons arrières flexibles qui obligea la FIA à prendre les mesures nécessaires pour les interdire.

     

    Le combat attendu arrive avec du retard

    A Melbourne, profitant de l'abandon des McLaren boys sur des McLaren toujours aussi rapides mais bien plus fragiles et de son chef de file, Eddie Irvine remporta son premier Grand Prix suivi comme une ombre par un Frentzen transfiguré et la Williams de Ralf Schumacher. Si pour les prétendants au titre, ce premier round se conclu sur un match nul, la désillusion est de mise dans la plupart des écuries. Prost GP qui ne parvient pas à terminer, le faiblesse chronique des boîtes de vitesse de la Sauber cloue Alesi sur la ligne de départ. La perte de l'aileron arrière de la BAR de Villeneuve et la panne de transmission de Zonta sur la seconde monoplace à huit tours de la fin vient contredire les déclarations fracassantes faites par Craig Pollock et Reynard durant l'intersaison. Les moteurs des deux Stewart de Barrichello et de Herbert qui cassent de concert. Ces multiples abandons permirent au tout jeune Pedro de la Rosa de remporter le point de la sixième place pour Arrows.

    Le Grand Prix du Brésil arriva un mois plus tard suite à l'annulation de l'épreuve argentine. Et Rubens Barrichello fit honneur à ses supporters en sautant dans les roues de Mika Hakkinen pour le dépasser trois tous plus tard et prendre la tête. Mais le festival du petit brésilien s'arrêta net quand son moteur rendit l'âme au 43ème tour. Hakkinen et Schumacher seuls sur leur planète terminèrent le GP logiquement à la première et seconde place reléguant leurs poursuivant à plus d'un tour. Le mois offert ne permit pas encore de résoudre les problèmes de fiabilité général des monoplace puisque seulement neuf pilotes franchirent la ligne d'arrivée. A noter quand même la belle prestation de Stéphane Sarrazin qui au volant de la Minardi réussit l'exploit de passer de la 17ème à la 11ème place avant d'abandonner suite à une rupture de suspension.

    Les deux GP suivants, St Marin et Monaco, furent remportés par Michael Schumacher décidément très à l'aise sur ses circuits et bénéficiant enfin d'une monoplace à la hauteur de son talent. A St Marin, Ferrari fit une démonstration de stratégie dont elle a le secret. Hakkinen seul en tête commet une erreur en sortant de la piste laissant le commandement à son équipier David Coulthard. Réorganisant sa stratégie en fonction de l'abandon du Finlandais, Schumacher en accord avec Ross Brawn décide d'anticiper son premier ravitaillement et d'en programmer un second 70 km plus tard. L'objectif étant de disposer d'une monoplace légère et de pneus neufs durant une vingtaine de minutes afin de creuser un écart déterminant sur David Coulthard. La manœuvre fonctionne parfaitement et c'est en tête que le leader Ferrari franchi la ligne d'arrivée. A Monaco, Schumacher et Irvine réussissent l'exploit de faire le premier doublé Ferrari de l'histoire sur ce circuit. Désormais, Ferrari possédait 24 points d'avance au championnat Constructeur

    Il fallait, pour McLaren, remettre les pendules à l'heure. C'est ce que Mika Hakkinen et David Coulthard firent en remportant à leur tour un joli doublé sur les terres ibériques. Mais les vrais héros de Barcelone furent Jacques Villeneuve et sa BAR-Supertec : en passant les Ferrari en course, il ne lui manquait qu'un peu de fiabilité pour réaliser un podium. Mais ceci mis à part, ce GP nous offrit juste une procession monotone. Heureusement que le GP du Canada arriva pour remettre un peu de fun. Fertile en rebondissement, il fit honneur à son histoire. Il s'y passe toujours quelque chose. Alesi, Trulli et Wurz pourraient même préciser "qu'il s'y passe toujours la même chose" puisqu'ils se retrouvèrent empêtrés dans le premier virage comme en 1998. Ainsi que Villeneuve qui vint comme en 1997 entrer dans le club privé des "Bienvenue au Québec" en tapant le muret tout comme le fit Michael Schumacher un peu plus tôt. La victoire revint au Finlandais après que la Jordan de Frentzen, alors en tête à 10 tours de la fin, tira tout droit pour aller s'écraser avec violence contre le rail. La sortie de piste fut provoquée par l'explosion du disque de frein avant droit. Hakkinen fut donc rejoint sur le podium par Fisichella et Irvine.

    Deux courses avaient suffi à bouleverser la hiérarchie établie par les Ferrari. Le GP de France fut remarquable par son déroulement. Mais la météo y fut pour beaucoup. Première surprise, Barrichello prends la pole position sur sa Stewart et Mika Hakkinen se trouve relégué à la 14ème place, un cas de figure qui a dû lui rappeler ses début au volant de la Lotus. Après une course riche en événements, Frentzen, qui avait été évacué sur civière quinze jours plus tôt, offrit une deuxième victoire pour l'écurie Jordan. Hakkinen et Barrichello complétèrent le podium après avoir chacun offerts une magnifique course.

     

    L'absence de Schumacher

    La saison était maintenant lancée, le combat entre les deux prétendants au titre promettait encore de magnifiques passe d'armes. Hélas, la Formule 1 reste malgré tout, un sport dangereux, et vient nous le rappeler à chaque fois qu'on ose l'oublier. Depuis 4 ans, jamais Michael Schumacher n'avait aussi bien débuté sa campagne mondiale. Mais cette fois-ci c'est le sort et non sa Ferrari qui lui barra la route. GP d'Angleterre, Météo ensoleillée. Au départ, Irvine prends un meilleur envol que son leader, et au même moment, Zanardi et Villeneuve, restés scotchés sur la grille de départ, déclenchent le drapeau rouge. Mais plus loin, Schumacher n'a pas le temps d'être prévenu, il veut à tout prix repasser son coéquipier quand soudain, un problème sur sa Ferrari provoque une violente sortie de piste dans les protections placées à l'extérieur de Stowe. La Ferrari à peine immobilisée dans un enchevêtrement de pneumatiques que son pilote tente déjà de s'en extraire. Mais une violente douleur le force à rester dans son cockpit. Le champion est blessé. Il est évacué avec une double fracture des tibia et péroné. Pour lui, la saison est désormais terminée. La course reprendra et Coulthard viendra coiffer la couronne du vainqueur avec un Irvine désormais bombardé leader de la scuderia et un magnifique Ralf Schumacher au volant d'une Williams. L'abandon des deux favoris provoque un resserrement à la tête du classement du championnat. Mika Hakkinen en tête avec 18 point d'avance sur Coulthard vainqueur du jour, Irvine et Schumacher se partageant la seconde place suivis par Frentzen. Après l'accident de Schumacher, plus personne n'a de doute : le championnat est joué ! Hakkinen conservera son titre. Mais c'était sans compter sur David Coulthard qui chamboule tout. Au GP d'Autriche il provoque un accrochage sans gravité avec son équipier et permet ainsi à Irvine de remporter la victoire grâce à une stratégie parfaite. Irvine continuera sur sa lancée au GP d'Allemagne grâce au cadeau de son nouveau coéquipier qui lui offre sa troisième victoire de la saison et la tête du classement provisoire.

    Il était alors bien temps pour McLaren de réagir. C'est ce qu'ils firent au GP de Hongrie. Hakkinen qui n'avait plus gagné depuis 4 GP a écrasé de son emprise la concurrence. Coulthard arriva en bon second grâce à une faute commise par Eddie Irvine alors deuxième. Est-ce l'absence de Schumacher qui donne cet excès de confiance à Coulthard ou les déclarations de Ron Dennis insistant sur l'égalité de ses pilotes ? toujours est-il qu'au début du GP de Spa Francorchamps, Coulthard profite d'un mauvais départ du Finlandais pour venir l'attaquer à l'épingle de la Source, le résultat est là… Coulthard est à présent en tête avec un Hakkinen qui le suit comme une ombre. Et c'est ainsi jusqu'au drapeau à damier. Le doublé est bien là mais cette fois-ci en sens inverse. Ferrari semble de plus en plus démotivée sans son chef de file… et les résultats commencent à s'en ressentir. Irvine et Salo descendent petit à petit sur les différentes grilles de départ. Démotivation de l'écurie ou pilotes n'ayant pas le même sens aigu de la mise au point que l'Allemand ? à la fin du GP, Mika Hakkinen possède un seul point d'avance sur Eddie Irvine. Le championnat reste complètement ouvert à quatre GP de la fin.

    Fort heureusement pour Ferrari qui semble perdue sans Schumacher, McLaren et ses pilotes n'en profitent absolument pas pour plier la saison à leur avantage. Au GP d'Italie, la coupe est pleine pour Hakkinen. Non seulement il n'est pas aidé par son coéquipier mais depuis quelques temps, le sort semble s'acharner sur lui. La faute qu'il commet à Monza, alors qu'il est seul en tête, et qui provoque une sortie de piste est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Hakkinen craque et ne peut retenir ses larmes, signe que le doute et l'incompréhension sont bien là. Hakkinen ne sera jamais aussi fort que quand son adversaire principal est là pour le pousser. Frentzen ne demandait pas mieux pour venir emporter cette victoire suivi par Ralf Schumacher et un étonnant Mika Salo qu'on attendait plus à une telle place.

    Mais l'une des nombreuses surprises de la saison a été ce GP d'Europe qui a vu la première et seule victoire remportée par la sympathique équipe Stewart grâce au talent de Johnny Herbert. Et il s'en est fallu de peu pour qu'elle ne signe un fantastique doublé. L'empêcheur de tourner en rond, fut tout aussi inattendu, le jeune Jarno Trulli au volant de sa Prost parvint au prix d'un final historique à garder en respect la Stewart de Barrichello pour venir accrocher une très belle deuxième place. Ce GP d'Europe restera comme une petite bouffée d'oxygène dans les courses de cette saison dont les premières places furent souvent trustées par McLaren et Ferrari. Mais à présent, le temps était venu pour Schumacher de revenir et le final entre les deux équipes allait s'avérer passionnant.

     

    Le retour du fils prodigue

    2 Grands Prix. Voilà ce qu'il restait à effectuer lorsque Schumacher fut prêt à revenir. Et Michael avait soif de victoire, les sept courses manquées lui avait donné la volonté farouche de se battre encore davantage. Et il n'a suffit que d'une séance de qualification pour prouver au reste du monde qu'il était toujours aussi fort. McLaren savait qu'elle pouvait de nouveau compter sur un adversaire farouche. Durant la course, Schumacher démontra que son talent n'avait pas eu à souffrir de son accident et protégea consciencieusement Irvine de la menace Hakkinen en le bouchonnant allègrement. Irvine gagna donc son quatrième grand prix avec la bénédiction de Schumacher, deuxième et un Hakkinen défait par la chaleur et le traitement dont il fut victime. Mais au soir de ce doublé des rouges, un coup de théâtre vint tout remettre en cause. Les deux Ferrari furent disqualifiées pour déflecteurs non conformes. Ferrari reconnut les faits mais fit appel. Et le tribunal d'appel trancha étrangement en faveur de Ferrari pour la plus grande joie des tifosi. Le titre allait donc bien se jouer au Japon lors de la dernière course de la saison.

    Irvine arriva donc au Japon avec quatre points d'avance sur son adversaire direct Hakkinen. La course au titre s'avérait plus ardue pour le pilote finlandais. Surtout en présence de Schumacher bien décidé cette fois-ci à gagner lui-même afin d'offrir le titre constructeur à Ferrari. Il commença par s'adjuger la pôle position mais rata son départ et laissa filer Hakkinen, Irvine lui-même se laissa surprendre par la Prost d'Olivier Panis qui prit un fantastique départ pour se placer en troisième position mais devra abandonner peu après son premier ravitaillement. La course d'Hakkinen prouva qu'il avait retrouvé toute sa motivation et qu'il reste le seul capable de tenir tête à son redoutable rival. Il remporta la course et le titre de champion du monde pour la deuxième année consécutive rejoignant ainsi Michael Schumacher. Quand à Irvine, durant ce week end, il apparu malheureusement peu sûr et trop lent en piste, l'Irlandais qui disputait sa dernière course au sein de Ferrari avait laissé passer sa chance, dommage, ce genre d'opportunité se présente rarement deux fois.

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES PILOTES

    Pos.

    Pilote

    Nat.

    Marque

    Pts

    1

    Mika Hakkinen

    Fin

    McLaren-Mercedes

    76

    2

    Eddie Irvine

    GB

    Ferrari

    74

    3

    Heinz-Harald Frentzen

    All

    Williams-Mécachrome

    54

    4

    David Coulthard

    GB

    McLaren-Mercedes

    48

    5

    Michael Schumacher

    All

    Ferrari

    44

    6

    Ralf Schumacher

    All

    Williams-Mécachrome

    35

    7

    Rubens Barrichello

    Bré

    Stewart-Ford

    21

    8

    Johnny Herbert

    GB

    Stewart-Ford

    15

    9

    Giancarlo Fisichella

    It

    Benetton-PlayLife

    13

    10

    Mika Salo

    GB

    Ferrari

    10

    Tous les résultats comptent

    CHAMPIONNAT DU MONDE DES

    CONSTRUCTEURS

    Pos.

    Marque

    Pts.

    1

    Ferrari

    128

    2

    McLaren

    124

    3

    Jordan

    61

    4

    Stewart

    36

    5

    Williams

    35

    6

    Benetton

    16

    7

    Prost

    9

    8

    Sauber

    5

    9

    Arrows

    1

    10

    Minardi

    1

     

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